Je crie derrière les Blonds parce qu'Ernest est comme un animal que tu ne parviens à attraper : plus tu cours derrière, plus il s'enfuit, même quand la route est à côté. Et j'en ai honte, et je me maudis.
Je les renierai presque quand ils se cherchent et se trouvent dans les magasins, de coups de poings en coups de pieds, de hurlements en tirage de cheveux. J'ai les larmes aux yeux tant je suis une mère incapable de gérer ces situations (en public).
Je fais semblant, régulièrement. Semblant d'être avec eux alors que ma tête est ailleurs : dans mon livre, sur mon téléphone, dans le prochain cours que je vais assurer. Je suis là, mais pas là, et cette fausse présence, elle me revient, pleine de culpabilité en pleine face quand je prends le temps d'être là, vraiment, et qu'ils sont calmes, drôles et attentifs. Et je me surprends à me demander depuis quand je n'ai pas réussi à leur offrir cette disponiblité.
Il m'est arrivéd'avoir mal au bide de récupérer les Blonds à 16h20 tous les jours. Mal au bide de ce temps infini avant de les coucher, de n'avoir pas pris le temps de ma respiration, mal au bide parce que je n'avais pas envie de gérer les crises d'Ernest, l'ennui d'Octave. Mal au bide de le gronder/le menacer/l'enfermer pour ne pas qu'il descende toutes les 15 minutes jusque 23 heures, et que la journée me semblera éternelle.
Je les voudrais moins tyranniques, plus autonomes, moins colériques, mais ce sont mes Blonds. Et ils aussi comme ça.
Ce n'est pas ce que je montre ici, mais c'est aussi ce que je vis, ce que je suis, dans mes larges imperfections. Tu vois, ma Zaza, je ne suis pas non plus si forte que l'on croit...