#JEArtNum

Publié le 29 juillet 2015 par Aude Mathey @Culturecomblog
Le 16 juin dernier, une journée d'études sur l'art numérique était organisée au Carrefour Numérique² par Labex ICCA, Carrefour Numérique² et {CORRESPONDANCES DIGITALES].

Pendant la matinée, la parole était donnée aux artistes autour des questions suivantes : Qu'est ce que l'art numérique ? Comment les artistes utilisent la matière numérique dans leurs processus créatifs ? Comment expose t-on un objet d'art numérique ?

Dans l'après-midi, le débat s'est orienté vers les aspects financiers plus de la création numérique. Subventions, production, commercialisation...

Les enjeux économiques liés à la création numérique furent débattus, faisant émerger des questionnements (et incompréhensions) entre marché de l'art et création ; commercialisation et démarche artistique.

Artistes et créations

Si la nature numérique de l'œuvre issue des nouvelles technologies est une caractéristique, comme le bronze pour une sculpture ou la peinture à l'huile pour une toile, elle possède une qualité " merveilleuse " : chaque personne qui l'observe voit l'original.

Marie-Laure Desjardins

http://www.artshebdomedias.com

Thierry Fournier

Artiste et commissaire d'exposition.
Enseignant-chercheur à l'Ensad et à l'Ecole nationale supérieure d'art de Nancy, il enseigne également à Sciences Po Paris.

Il s'intéresse à la manière dont les interactions humaines s'exercent à travers la technique, qu'il met en jeu par un travail plastique sur la matérialité des médias : espace, données, image et son.

http://www.thierryfournier.net

Lors de son intervention, il a mis en exergue son besoin d'émancipation vis à vis de l'outil technique, informatique, qui aujourd'hui est utilisé et connu de tous. L'artiste fait par ailleurs un lien très clair entre l'érosion de l'intérêt pour les arts numériques et la pénétration des nouvelles technologies dans la société.

Page Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Thierry_Fournier_%28artiste%29

Site de l'artiste :

http://www.thierryfournier.net/biographie/

L'installation A+

Un écran diffuse une image qui serait vue derrière lui... mais retardée de 24h.

Tour à tour acteurs et spectres d'une même scène, ceux qui passent dans l'image et ceux qui les observent coexistent sans jamais communiquer. Un futur et un passé se renvoient l'un à l'autre à travers une image, et de part et d'autre d'un écran.

http://www.thierryfournier.net
Précursion

Pour en savoir plus : http://www.thierryfournier.net/precursion/

Un paysage est généré en direct par des messages envoyés sur Twitter, lus par des voix de synthèse et qui ont tous en commun d'exprimer des désirs : j'aimerais tellement, je rêve de, mon souhait le plus cher... Une caméra se déplace au ralenti et à l'infini dans ce paradis artificiel - montagnes, nuages ou fond de la mer, un limbe.

http://www.thierryfournier.net
Jacques Perconte

Artiste

Page Wikipédia :

Vimeo de Jacques Perconte :

A history of net art

Souvent pris pour un site-ressource en histoire du net art, l'œuvre est référencé et étudié en tant que tel. Pourtant cette page, collaborative et modifiable par tous, peut être selon son auteur inexact à +/- 60 % !

Reprenant le texte de Natalie Bookchin (a story of net art, 1999, open source), Jacques Perconte vient d'ouvrir a wiki story of net art. Tout est dans le titre : ajoutez, modifiez, effacez, mystifiez... sur le web, personne ne sait si vous êtes un historien. On commence avec les Hot Pictures commissionnées par Alexei Shulgin en 1994. Jusqu'où ira-t-on ?

Cinéma expérimental
Marines, sans titre n°1, enregistrement n°6

J'essaie et j'apprends énormément d'outils - de logiciels pour trouver ceux dont les limites sont flexibles et que l'on peut pousser. Je cherche ceux qui ne fonctionnent pas très bien et dont les mauvais fonctionnements peuvent être qualitatifs pour moi.

Jacques Perconte

Le spectateur ne peut pas ignorer le caractère artificiel de l'image, il est face à une " vraie " image de fiction issue de la compression vidéo et de l'encodage créés par l'artiste. Dès la fin des années 90, Jacques Percourt a anticipé les écritures du G litch art qui de développeront dans la musique et les arts visuels par la suite.
Pour en savoir plus sur le Glitch art, c'est par .

Jacques Perconte auto-produit un grand nombre de ses œuvres, il a pu bénéficier de certaines aides à la création (en arts plastiques et /ou cinéma) mais généralement il auto-produit ses œuvres. C'est un système contraignant mais qui lui permet de conserver une grande liberté et d'éviter que l'existence de ses projets soit liés de manière inextricable à leurs financements.

Ces œuvres sont aussi présentées à la Galerie Charlot http://www.galeriecharlot.com/fr/5/Jacques-Perconte Guillaume Le Roux

Artiste

Facebook de l'artiste :

https://fr-fr.facebook.com/Jeanguillaumeleroux.artiste

Page sur la plateforme Arte Creative :

http://creative.arte.tv/fr/users/jeanguillaumeleroux

Guillaume Le Roux utilisecomme un carnet de croquis, la majeur partie des œuvres présentées lors de la journée d'étude sont aussi visibles sur le réseau social.


Il travaille avec le numérique mais aussi avec la " matière " numérique et électronique et réalise des sculptures qu'il utilise ensuite pour créer ses avatars.

SPAMM

Guillaume Le Roux est aussi commissaire d'exposition sur SPAMM, le SuPer Art Modern Museum section Virtualism.

Florent Aziosmanoff

Le virtualisme est un courant artistique qui définit les formes d'arts conçues avec des outils numériques. Cette qualification s'appuie sur les notions de gestes et de matières dans le champ du digital. La matière première des créations numériques étant virtuelle, le geste acté de la création se redéfinit par le geste en puissance. En effet ce qui est virtuel est par nature en puissance et le geste créatif n'a plus dans ce cas d'impact tangible sur la matière travaillée. Le geste en puissance est la traduction observable dans le numérique du geste acté sur l'interface. Le virtualisme est donc une reconsidération de l'acte créatif et de sa relation plastique à la matière.

Guillaume Le Roux

Le manifeste complet est disponible

Producteur Living art, ancien directeur de la création Le Cube.

Site de l'artiste :

http://www.living-art.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=29&Itemid=81

Le Living art est " nouvelle forme d'expression artistique, basée sur les systèmes temps réel et l'intelligence artificielle ".

//1988 Art 3000

Une nouvelle discipline d'expression ?

//1995 MIT Media lab

Things that think

//2001 Le Cube - Atelier de création (Une centaine de création /diffusion international)

Living Joconde

//2010/2015 Living art - Living arts fondation

Le Living Art Lab réalise des activités permettant une meilleure compréhension de la création dans le champ du living art, et plus largement de l'art numérique. C'est une plateforme ouverte, où chacun peut contribuer ou proposer ce qui lui paraît utile. Les activités du Living Art LAb sont centrées sur une réflexion fondamentale et appliquée.

Le Living Art Lab est pensé comme un espace où le monde de la recherche, des entreprises, les associations, artistes et collectivités sont en contact direct avec le public et vice-versa.

Art numérique : un défi pour les institutions publiques et le marché de l'art.

Comment produire ?

Les échanges furent riches et denses autour de la question des financements de l'art numérique, autour de la table était réunis,

Jean-Christophe Théobalt
Chargé de mission numérique, Ministère de la culture et de la communication, Secrétariat général (SG) Service de la coordination des politiques culturelles et de l'innovation (SCPCI), Département de l'éducation et du développement artistiques et culturels (DEDAC)
Eli Commins
Chargé de la coordination des politiques multimédia et de la numérisation, Ministère de la Culture et de la Communication, Direction générale de la création artistique, Département des publics et de la diffusion, Bureau des réseaux pluridisciplinaires, du multimédia et de la numérisation
Anaïs Chassé
Chargée de mission Culture et numérique, CSTI Direction de la culture, Conseil régional Rhône-Alpes
Gilles Alvarez
Directeur de la Biennale internationale des arts numériques, Paris Île-de-France, et de la coordination événementielle, Arcadi Île-de-France

Le financement de l'art numérique est liée à la définition de ce qu'est intrinsèquement l'art numérique. Or, c'est un " art d'hybridation ", héritier de la tradition des mélanges, collages, inclusions, incrustations, croisements et métissages entre les arts.

L'immense diversité des travaux artistiques relevant du numérique n'en facilite ni la définition ni la mise en place d'une classification. Deux interrogations qui surviennent à chaque nouvelle utilisation de cette technologie par un artiste. Exemple : une mise en scène qui utilise le numérique peut-elle être qualifiée d'œuvre numérique ? Est-elle d'ailleurs une œuvre ?

Marie-Laure Desjardins

http://www.artshebdomedias.com

Le système de subvention publique est donc parfois en décalage ou en retard avec la pratique artistique et ne sais pas toujours répondre aux besoins et aux attentes des acteurs de l'art numérique. Bien entendu, il existe de nombreuses aides à la création numérique (Guide des subventions de www.digitalarti.com) mais il n'est pas rare que des créateurs ne rentrent pas dans " les bonnes cases " et ne trouvent pas les financements suffisants pour voir aboutir leurs projets.

Les Assises de la Jeune création 2015 ont pris en compte ce besoin de décloisonnement et la nécessité d'innover afin de faire face à ce défi. Objectif annoncé, mieux considérer les jeunes talents et les nouvelles pratiques créatives.

La région Rhône-Alpes montre l'exemple.

En 2010, La Région Rhône-Alpes a engagé une concertation avec l'ensemble des acteurs artistiques et culturels régionaux autour du numérique.

À l'issue de cette concertation, la Région a adopté en avril 2011 une nouvelle politique dans laquelle elle s'engage à soutenir les arts numériques en créant notamment le Fonds de soutien à la création artistique numérique, ou fonds [SCAN].

L'objectif de ce fond est de " soutenir des créations artistiques faisant intervenir des technologies numériques ".

En 2012, la DRAC Rhône-Alpes rejoint le dispositif afin de conjointement " identifier des projets qui ne trouvent pas leur place dans les dispositifs régionaux existants " :

- des artistes ayant une pratique dans une discipline et utilisant de façon significative des techniques numériques

- artistes faisant spécifiquement appel à des techniques numériques.

Le fonds [SCAN] Rhône-Alpes s'inscrit, par ailleurs, en complémentarité avec le Dispositif pour la Création Artistique Multimédia et numérique (DICRéAM), piloté par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et dont la DRAC Rhône-Alpes assure le relais en région.

Pour en savoir plus, le site de la région Rhône-Alpes.

Marchés de l'art et de la créativité numérique. Comment vendre ?

Afin de parler des liens entre marché de l'art et création numérique, différents acteurs du secteur étaient réunis pour cette dernière table ronde de la journée :

Vanessa Quang - galeriste, Vanessa Quang Gallery
Abdel Bounane -
président, BRIGHT (plateforme d'exposition et studio de production pour l'art numérique)
Gerald Dierick - responsable département Digital Event, Art extended digital (by l'art en direct)
Martin Lambert - responsable Laboratoire Arts et Technologies, Stereolux

Le numérique a impacté l'art contemporain comme la photographie a impacté les impressionnistes, mais (...) la photographie a existé comme medium par la suite. Ce n'est pas encore le cas pour les " nouveaux media ". Pourtant l'art vidéo a réussi son " entrée " dans l'art contemporain : sans doute les collectionneurs privés y sont pour quelque chose.

Présentation de Vanessa Quang

Le galeriste Grégoire Maisonneuve, pour la deuxième fois à la Fiac, reconnaît la " très grande difficulté à vendre un site web, un serveur vocal, des projets pas formatés pour être sur un stand, (...). [ Il y a un] "blocage" des acheteurs en France, fermés à la culture de l'image, focalisés sur le "fantasme de la main de l'artiste".

Annick Rivoire.

    2006 Show Off (devenu Variation) s'installe dans le quartier du marais à Paris.

Show Off Paris est un salon dédié aux pratiques artistiques numériques d'art contemporain.

Cette première édition de la Digital Week France™ / International a pour vocation de proposer au plus grand nombre, collectionneurs, galeristes et amateurs, un parcours et des évènements clé autour de la création digitale et de l'art contemporain numérique.

L'art numérique se découvre aujourd'hui à petites doses sur les stands de foires comme l'Armory Show ou ArtBasel Hong Kong grâce à des galeries généralistes. Des maisons de ventes comme Phillip's s'intéressent également de près à ces œuvres issues des cultures numériques. Pour les acteurs du marché, il semble donc que le moment est venu de donner à ces pièces le nom d'œuvres d'art.

Vanessa Quang

" I'm sorry about all the artists who have been working for the last decade in digital art - all of a sudden, people are saying, 'They're in the past, they're the first version of internet art and now we can't even turn their material on anymore'. "

Alain Servais.

La fin des échanges sur la production et la vente d'œuvre d'art numérique fut très animée notamment lors de la présentation des deux derniers intervenants. Leurs discours tranchaient, de manière saisissante, avec celles de la matinée qui levaient le voile sur le travail et sur la méthodologie des artistes numériques présents.

BRIGHT diffuse et monétise des œuvres d'art numérique auprès des écrans connectés d'entreprises et des collectivités. BRIGHT vend des abonnements aux propriétaires d'écrans et reverse un % des revenus aux artistes numériques ayant déposé leur création sur la plateforme. La plateforme fait le lien entre la création numérique et les propriétaires d'écrans connectés. Ils ont notamment proposé une œuvre générative pendant la Museum Week .

L'Art en direct est une agence de communication par l'art contemporain, spécialisée en conseil et stratégie, événementiel, production d'expositions, management et relations publiques.

La présentation d' Art en direct à provoquer beaucoup de remarques et d'objections dans la salle que l'on pourrait résumer ainsi " quel est le rapport entre une œuvre d'art et communication ? "

La question n'a pas été entièrement résolue lors des Q&R avec la salle. On conclura cette amorce de débat (et ce compte-rendu ! ) en citant de Gilles Deleuze,

Quel est le rapport de l'art avec la communication ? Aucun.
Aucun, l'œuvre d'art n'est pas un instrument de communication. L'œuvre d'art n'a rien à faire avec la communication. L'œuvre d'art ne contient strictement pas la moindre information. En revanche, il y a une affinité fondamentale entre l'œuvre d'art et l'acte de résistance. Alors là, oui. Elle a quelque chose à faire avec l'information et la communication, oui, à titre d'acte de résistance. Quel est ce rapport mystérieux entre une œuvre d'art et un acte de résistance ? Alors que les hommes qui résistent n'ont ni le temps ni parfois la culture nécessaire pour avoir le moindre rapport avec l'art [...]. Malraux dit une chose très simple sur l'art, il dit " c'est la seule chose qui résiste à la mort

Gilles Deleuze, " Qu'est-ce que l'acte de création ? ", conférence, 17 mai 1987.

Edmond COUCHOT, " NUMÉRIQUE ART " , Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/art-numerique/

Marie-Laure DESJARDINS, L'art numérique. Un maquis de pratiques. http://www.artshebdomedias.com , 2010

Annick RIVOIRE, Créateurs cherchent collectionneurs, Libération