VERNON SUBUTEX - Tome 1

de Virginie Despentes
Roman - 400 pages
Editions Grasset - janvier 2015
Vernon Subutex est un peu en galère. Il perd son job de disquaire parisien et toute la gloire qui allait avec. Il doit squatter chez des amis, des ex, se raccrocher au passé, croire en un avenir sans avouer qu'il est à la rue. Alex Bleach vient de mourir d'une overdose, l'entourage d'amis est assez bouleversé. Et une mystérieuse Hyène est prête à tout pour retrouver l'enregistrement d'interview du défunt.
Que dire face à ce roman qui fait l'effet d'un déluge de paroles, d'un texte certes fluide, de la gouaille désillusionnée et réaliste que l'on connaît de Virginie Despentes, mais d'un texte néanmoins bavard, qui perd de la percussion par rapport à ce que l'auteur nous avait habitués notamment avec King Kong Théorie. On la retrouve néanmoins percutante au travers de certains passages, bien sentis, bien tournés, efficaces et lucides.

Extrait : 

"Passé quarante ans, tout le monde ressemble à une ville bombardée. Il tombe amoureux quand elle éclate de rire - au désir s'ajoute une promesse de bonheur, une utopie de tranquillités emboîtées -, il suffira qu'elle tourne la tête vers lui et se laisse embrasser, et il accèdera à un monde différent. Vernon sait faire la différence: excité, c'est le bas-ventre qui palpite, amoureux, ce sont les genoux qui faiblissent. Une partie d'âme s'est dérobée - et le flottement est délicieux, en même temps qu'inquiétant: si l'autre refuse de rattraper le corps qui sombre dans sa direction, la chute sera d'autant plus douloureuse qu'il n'est plus un jeune homme. On souffre de plus en plus, à croire que la peau émotionnelle devient plus fragile, ne supporte plus le moindre choc."

De cette lecture agréable, je retiendrai comme une galerie de portraits, une succession de descriptions intimistes de vies d'aujourd'hui, des vies urbaines, des vies peuplées de solitude. Malheureusement, je garde difficilement le lien entre les différents protagonistes. Alors, en entamant un autre tome, je risque d'avoir laissé beaucoup de l'histoire en cours de route…
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