Les assassins de R. J. Ellory 4,5/5 (19-07-2015)
Les assassins (568 pages) sort le 27 août 2015 aux Editions Sonatine (traduction : Clément Baude).
L’histoire (éditeur) :
Sur 18.000 meurtres par an aux Etats-Unis, seulement 200 sont le fait de tueurs en série. Aussi les forces de police ne privilégient-elles que rarement la piste du serial killer. Lorsque quatre homicides sont commis en quinze jours à New York, selon des modes opératoires complètement différents, personne ne pense à faire le lien entre eux. Personne, sauf John Costello. Documentaliste au City Herald, et véritable encyclopédie vivante des serials killers, celui-ci découvre en effet qu'ils ont été commis à la date anniversaire d'un meurtre passé, œuvre chaque fois d'un tueur en série célèbre, selon une procédure rigoureusement identique. Y aurait-il dans la ville un serial killer qui s'inspire de ses prédécesseurs pour leur rendre un funèbre hommage ?
Mon avis :
Ce nouveau R. J. Ellory est bon, très bon. Amateurs de thrillers et policiers, c’est un roman de cette rentrée à mettre entre vos mains, un roman que vous devez découvrir pour son intrigue, son contexte lié à l’histoire des tueurs en séries et pour Ray Irving et John Costello.
John Costello voit sa vie basculer à 16 ans lorsqu’avec sa petite amie Nadia, il se fait brutalement agresser par un fou qui a déjà fait 4 victimes avec son marteau. Il se sort par miracle de cette rencontre avec le Diable mais à jamais différent.
Vingt-deux ans plus tard, John est presque un homme comme les autres, mais un homme solitaire plein de manies : il organise méticuleusement son quotidien (identique de semaine en semaine), consigne toutes ses pensées dans des carnets et se rassure avec des tonnes de rituels. Mais ce qui fait de lui un homme particuliers c’est sa capacité à retenir les dates, les détails et tout ce qui a trait aux tueurs en série. Son excellente mémoire lui permet de travailler depuis 8 ans comme enquêteur pour Karen Langley, responsable des faits divers au New York Herald. C’est également cette incroyable qualité qui lui donne l’occasion de faire très vite le lien entre l’Histoire et les différents meurtres qui ont lieu ses derniers jours. La collaboration avec Ray Irving, inspecteur depuis plus de 20 ans à la Quatrième division de la brigade criminelle s’impose, car ce dernier, face à la succession de meurtres sans rapports entre eux, se retrouve démuni aussi bien en termes d’effectifs que matériels (le croisement des informations et des archives s’avère très compliqué).
Durant plus de six mois les morts vont s’accumuler laissant le Commémorateur agir à sa guise au nez de la police et des médias.
« Le Commémorateur, car c’était ainsi qu’Irving avait décidé de le surnommer, avait bouleversé son existence.
Le Commémorateur avait anéanti toute possibilité d’une vie normale, et Irving lui en voulait. Un inconnu avait heurté de plein fouet son monde, et sous les décombres, Irving attendait avec hâte que l’auteur de ce désastre montre son visage. » Page 395
Les assassins est un roman réaliste qui se distingue des autres livres de serial killers. Le bourreau prend ici exemple sur les divers et plus vicieux meurtriers de l’histoire des Etats Unis et, aux dates anniversaires des crimes, prend soin de reproduire méthodiquement le modus operandi de certains d’entre eux.
Deux points tiennent alors le lecteur fidèlement accroché à ce roman ! La traque (laborieuse) de ce Copycat aussi fou qu’intelligent, et les références précises et parfaitement intégrées au récit des célèbres tueurs en série : Harvey Louis Carignan, John Wayne Gacy (le « clown tueur »), Roy Dale Green et Kenneth Allen Mcduff, le monstre de la rivière Genesee, le Zodiaque, Henry Lee Lucas…..
Costello et Irving font le lien entre les deux (actualité et histoire) et nous entraînent dans ce scénario lent mais accrocheur. L’auteur use de quelques clichés (dont celui du fic solitaire) et l’enquête traîne un peu mais ne présentent ni détours ni moments indigestes pour autant. La forme et le fond ont largement compensé ces quelques faiblesses.
La narration n’est pas encombrée de détails superflus, elle reste fluide et bien rythmée (même si un peu inégales), sans avoir besoin de faire dans l’action et multiplier les rebondissements.
La tension n’est pas particulièrement présente. On subit (autant que Ray Irving) les événements, jusqu’à la dernière lettre de menace qui marque un tournant, faisant monter d’un cran brusquement le sentiment de stress et laissant pour une fois le lecteur vivre en directe certains faits.
R. J. Ellory ne transmet pas la frayeur par les descriptions détaillées de crimes mais davantage en évoquant la réalité dont ils sont inspirés. Les meurtres initiaux qui ont réellement eu lieu vous glacent et vous transmettent plus d’horreur que le Commémorateur lui-même (même si la folie de cet homme finit par vous mettre mal à l’aise).
Une fois fermé Les assassins vous donne à réfléchir sur cette incroyable fascination que peuvent avoir certaines personnes pour les tueurs en série. Car au-delà de la simple curiosité, on a ici à faire à une obsession de la violence et du macabre qui va jusqu’à la vénération et l’idolâtrie de ces monstres. Ça dépasse l’entendement et laisse une désagréable sensation.
En bref : Les assassins m’a beaucoup plu, j’ai vécu cette lecture comme un bon film, passionnant, épouvantable et perturbant.