Humans // Saison 1. Episodes 5 et 6. Episode Five / Episode Six.
Difficile d’apprécier Humans sans tenter de faire abstraction de la série originale. Et pourtant, même en faisant abstraction, je vois encore et toujours des tas de problèmes en tout genre qui ne fonctionnent pas. La série a un vrai problème pour raconter son histoire de façon fluide. On se retrouve donc avec une série d’une médiocre étonnante (et dire que la saison 2 est plus que proche quand on voit le succès de la saison 1 à la fois sur AMC - même si tout est relatif - et sur Channel 4). Dans l’épisode 5, les choses sont assez décevantes alors que la mécanique de l’histoire ne prend pas forme comme j’aurais probablement pu le souhaiter. Par exemple pour le personnage de Niska, toujours recherchée pour meurtre. Ce personnage est pourtant l’un des personnages les plus intéressants d’un point de vue narratif et dans la série originale l’un des plus mystérieux (dans le bon sens du terme). Du coup, de se dire que les choses n’évoluent pas dans le bon sens avec cet épisode, je suis déçu car Humans nage en plein dans le vide. Mattie tente de savoir de son côté si le nom de Mia dit quelque chose à Anita sauf qu’elle est interrompue à temps car Anita est bien plus vieille que l’on ne pourrait le penser et a été changée illégalement.
C’est une fois de plus tout ce que l’on a déjà pu voir dans Real Humans mais la mécanique de la série ne permet pas d’apprécier cette histoire aussi bien. Karen et Pete c’est autre chose mais ce n’est pas nécessairement mauvais non plus. Je pense donc que le plus gros problème de Humans actuellement, c’est de parvenir à faire de cette série quelque chose de global quand tout semble être si petit. L’univers de Real Humans, la série originale, était grand et l’on avait une vraie impression d’unité. Ici, c’est tout le contraire, tout est tellement décousu que l’on a l’impression que cela ne se suit pas vraiment ou qu’en tout cas il n’y a pas grand chose à raconter autour. A côté de ça, Leo est hanté par des images de Mia (qui est maintenant Anita…) et a envie de rencontrer Mattie à) nouveau mais elle n’en a pas envie. Là aussi, on ne sait pas trop sur quel pied danser car la série a beau tenter de révéler des choses (notamment du point de vue d’Anita afin de nous en dire plus sur ses origines et surtout sur ce qu’elle est réellement au delà d’Anita qui n’est au fond qu’une course sans qu’elle ne le sache véritablement). Anita est donc un bon personnage mais mal utilisé. Je pourrais dire la même chose de Niska d’ailleurs.
J’ai toujours adoré ce personnage et sa représentation dans Humans me plaît aussi car elle diffère un peu de la série originale. Leo de son côté n’est pas aussi intéressant ici que dans Real Humans. Le souci ce sont les émotions. Il n’y a pas vraiment de relation émotionnelle comme j’aurais probablement pu le souhaiter au départ. Il y a un lien avec Anita, c’est certain, mais ce lien n’est pas suffisamment soigné par l’écriture de la série. Je crois que le seul truc sympa dans cet épisode c’est peut-être le retour d’Odi, retrouvé par un joggeur dans les bois, complètement cassé (sinon ce ne serait pas drôle). Dans l’épisode 1.06, quelques réponses sont apportées mais le tout reste encore un peu trop trouble quand dans la série originale, les pistes et les intrigues étaient beaucoup plus fluides. Durant ces dernières années, on nous a donné plusieurs opportunités d’examiner l’implication de la vie artificiel au travers de plusieurs prismes. Doit-on se réfère aux synths en tant que personnes ou bien autre chose. La question est bonne et bien posée mais la série n’arrive pas à répondre correctement. Les synths peuvent-ils décider ce qu’ils peuvent faire de leur propre corps ou bien pas du tout ? Ou alors oui mais tout cela a un lien avec quelque chose d’autre, etc. Il y a tellement de questions étranges que Humans tente de poser sans donner de réponse logique que j’ai énormément de mal à voir la lumière au bout du tunnel.
Et il ne reste que deux épisodes avant la fin de la saison ! La série tente d’explorer un peu plus dans cet épisode le concept même de famille. C’est donc naturel que l’on parle de famille pour décrire David Elster comme le père des synths. Si l’on a vu la série originale, on sait déjà ce que tout cela veut dire et ce vers quoi l’on se dirige (notamment autour du personnage de Leo) mais le problème c’est que Humans manque de fluidité et de secrets. Elle semble tout dire de façon très trouble, mais justement tout dire. David est le père de Leo, à la fois au sens littéral mais aussi au sein de l’innovation et de l’invention. Et en face, Mia est un peu une mère pour lui d’une façon figurative complètement différente. La ligne qui sépare métaphore et littéral est très courte dans cette série et finalement, je me demande si ce n’est pas une mauvaise chose. Humans est clairement une série qui peut faire tellement de choses différentes mais parvenir à totalement nous surprendre. Cet épisode est donc énormément centré sur des histoires de famille. C’est une bonne chose que de parler de famille dans une série comme Humans mais ce n’est pas toujours fait de la meilleure façon. Le pétage de plomb d’Anita était un moment assez cocasse, encore une fois trop lié à la série originale.
J’aimerais bien que Humans puisse enfin s’émanciper de son modèle afin de faire ses propres intrigues et qu’elle nous offre sa propre vision des choses. C’est souvent le problème d’un remake, de ne pas savoir décrocher de l’original. L’original a tellement plu que les scénaristes ne semblent pas vouloir s’émanciper afin d’offrir leur propre vision des choses, plus britannique, plus américaine peut-être aussi. Mais non, il n’y a rien de tout ça. Dommage.
Note : 4/10. En bref, deux épisodes qui laissent encore le spectateur errer au milieu d’une ambition mal mesurée.