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Le jardin et le jardinier sont à l'honneur de la 7e biennale d'art contemporain de Melle dans les Deux-Sèvres qui réunit, jusqu'au 27 septembre 2015, vingt-cinq artistes de renommée internationale parmi lesquels Gilles Clément, Bill Biola, Kôichi Kurita, ou encore les peintres paysans Warli.CULTURE - Quand Eric C. a ouvert son restaurant Les Glycines à Melle, il ne se doutait pas qu'un jour il exposerait des artistes contemporains, comme Dominique Robin, ni qu'il deviendrait collectionneur. Il n'est pas le seul à s'être laissé convaincre par Yves Debien, le maire de cette petite ville de 3 500 habitants des Deux-Sèvres et vice-président de la région Poitou-Charentes. Jean-Luc B., pharmacien, est devenu lui aussi un fervent amateur d'art, tout comme Stéphanie M. qui accueille dans son salon de coiffure un "portrait botanique" de Karine Bonneval, ou l'horloger Thierry C., présentant l'un des quatorze "paysages mouvants" de Patricia Cartereau.
Légende : Kôichi Kurita (Japon) | Bibliothèque de terres / Poitou-Charentes, installation, 2005-2015 I Lune, eau, terre, soleil, 108 terres du Japon, 2015
Les commerçants de Melle se sont vite pris au jeu, acceptant cette année de placer sur leur façade les "rêveries dessinées" de Pascal Colrat. "Je suis la charnière entre les artistes et la ville", confie Dominique Truco, directrice artistique de cette biennale d'art contemporain, qui, pour sa 7e édition comme pour les précédentes, a choisi pour fil rouge une très forte résonance écologique et humaniste. 25 artistes sont ainsi présentés à travers quelques 300 œuvres.
Carte blanche a été donnée au jardinier philosophe Gilles Clément pour qui "Le jardin planétaire, c'est la Terre regardée comme un jardin, le lieu de l'accumulation du meilleur". Son abécédaire jalonne la ville. Point d'orgue de la visite : le jardin d'eau-jardin d'ortie, et son exposition évolutive "Toujours la vie invente". Cartographies de voyages, collections naturalistes... dévoilent une pensée visionnaire fondée sur une écologie humaniste expérimentée depuis 1977 dans son jardin en mouvement de La Vallée dans la Creuse.
Dans l'église Saint-Savinien, la bibliothèque de terres de Kôichi Kurita se déploie : l'artiste japonais, dont la terre est le matériau de prédilection, a recueilli depuis 2004 plus de 35 000 échantillons de sols français qu'il présente comme un grand livre à transmettre aux générations futures. Et l'expérience séduit ! "Nous avons eu plus de 200 visiteurs hier !" annonce enthousiaste la médiatrice, Mathilde, à Dominique Truco. "Place au partage et à la considération !"
La dimension du sacré s'exprime dans la grande nef de l'église Saint-Pierre, divisée en vaisseaux voutés, où sont présentées les vidéos de l'Américain Bill Viola, " Tristan's Ascension" et " Fire Woman". Créées en 2005 pour la mise en scène de Tristan et Isolde de Richard Wagner à l'Opéra de Paris, elles évoquent les deux fléaux qui menacent la planète : incendies et inondations.
Parmi la dizaine d'oeuvres pérennes, il est possible à tout moment d'arpenter le chemin de bois de Tadashi Kawamata, assister à une messe dans l'église Saint-Hilaire où Mathieu Lehanneur a conçu le choeur et le mobilier liturgique, ou encore passer un coup de fil dans l'une des cabines téléphoniques "Allo la Terre" de Danois Knud Viktor pour écouter un lapin rêver, le chant d'amour des mouches de vinaigrier, deux escargots qui mastiquent leur salade... Entre méditation, drôlerie et poésie.
> Découvrez les 25 artistes en images www.2015.biennale-melle.fr
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