Photo ©Ibar Aïbar
L'ex-ministre grec des Finances Yanis Varoufakis est toujours aussi présent sur la scène médiatique. Une vive controverse lui impute la préparation d'un système bancaire parallèle durant son mandat. L'homme, qui avait reconnu avoir été partisan d'une ligne dure vis-à-vis des créanciers et organisateur d'un "plan B" pour faire peur aux Européens, a expliqué au cours d'une téléconférence avec des responsables des fonds spéculatifs, qu'il avait l'intention de mettre en place "un système bancaire parallèle" en piratant le logiciel de l'administration fiscale grecque. Au sein de Syriza, actuel parti de gauche au pouvoir, la gêne est particulièrement perceptible. "Le plan Varoufakis n'a jamais été discuté, cela rappelle un bon roman", indique le ministre adjoint grec des Finances Dimitris Mardas, reconnaissant -si les faits étaient confirmés- qu'une "question de légalité" pouvait se poser. Les partis grecs d'opposition la Nouvelle-Démocratie(ND, droite), le Pasok (socialiste) et To Potami (centre gauche) ont appelé le gouvernement d'Alexis Tsipras à enquêter sur ces révélations. Il s'agit d'un "important problème politique, économique et moral qui doit faire l'objet d'une enquête".
Système clandestin - A l’occasion de la téléconférence précitée, en partie retranscrite par le quotidien conservateur Kathimerini, Varoufakis explique que l'idée était de "créer clandestinement des comptes secrets reliés au numéro fiscal de chaque contribuable" grec, pour que, le moment venu, ces mêmes contribuables puissent utiliser "cette sorte ce mécanisme parallèle de paiement vis-à-vis des gens à qui ils doivent de l'argent ou pour payer leurs impôts à l'Etat". "Cela aurait créé un système bancaire parallèle au moment où les banques étaient fermées à cause de l'action agressive de la Banque centrale européenne (BCE) visant à nous étrangler", se défend l'ex-ministre. Dans un entretien avec le journal britannique The Daily Telegraph en ligne hier, l'ex-ministre confirme globalement la teneur de son intervention dans le cadre d'un rendez-vous organisé par le Forum officiel des institutions financières et monétaires (OMFIF). Mais il accuse les médias grecs d'avoir "complètement déformé ses propos" en voulant le faire passer pour "un escroc" alors qu'il cherchait une solution de remplacement face au manque de liquidités entraîné par la politique de la BCE à l'égard du pays. L’homme était "complètement contre le démantèlement de l'euro". Comme a dit l'écrivain Jules Renard, "Il respirait l'honnêteté, mais il avait le souffle court" ?FG