Fervent admirateur et agent littéraire auto-constitué d’Emile Verhaeren, Stefan Zweig, se défend, dans un élan de sincérité, d’avoir voulu le moins du monde œuvrer pour la littérature belge. Voilà qui a l’avantage d’être honnête…
La lettre date de début mai 1911- elle est rédigée en français
« (…) je n’ai jamais eu l’intention de faire quelque chose pour Ia littérature belge ; j’aime votre œuvre, j’aime vous [je vous aime] et c’était pour moi un plaisir de faire bien mon devoir. Et j’aime Camille Lemonnier. Mais les lettres belges – je n’ai jamais songé à elles. J’aurais aimé votre œuvre dans chaque langue dans laquelle j’aurais pu la comprendre et [la] pénétrer. Les grandes œuvres ne sont pas entièrement nationales, le meilleur d’elles-mêmes appartient à tous ; et j’aime votre œuvre, non parce qu’elle a créé une littérature belge, mais parce qu’elle est européenne. »
Verhaeren – Zweig. Correspondance. Edition établie par Fabrice van de Kerkhove, Ed Labor, 1996, coll. Archives du futur, 608 pp