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Sapir a mis le pied dans la merde, et ça ne lui portera pas bonheur

Publié le 27 juillet 2015 par Mister Gdec

Internationaliste depuis toujours, j'ai toujours regardé la notion de souverainisme, et son pendant moyenâgeux qu'est le patriotisme d'un mauvais œil. Ce registre politique me semble receler des relents de nationalisme putride que je réprouve, prétexte à bien des débordements, dont le plus évident est un repli sur d'antiques références historiques, culturelles et religieuses figées dans le temps et l'espace, ainsi qu' un mépris bien franchouillard, quand ce n'est pas une haine, de l'étranger. En France, il se traduit par un discours souvent virulent, voire carrément haineux envers l'Europe et ses instances, qui prend un tour particulier en ce moment avec la crise grecque. Même si l'on partage certaines critiques, parfois justifiées, d'un certain comportement oligarchique et fascisant des instances européennes, il s'agit pour autant de ne pas être dupe de la manipulation exercée par les souverainistes, qui sont prêts pour certains, si ce n'est tous, à s'allier avec nos pires ennemis pour résister à leur effacement, que personnellement je souhaite. Aucune haine dans mes propos à leur endroit, juste de la cohérence dans mes idées et positionnements politiques personnels, qui excluent tout recours à des fins stratégiques et électoralistes à des alliances avec la droite nationaliste et l'extrême droite, ce que je réprouve formellement. Or, quand on voit en France le rapprochement en train de s'opérer entre Chevènement et Dupont-Aignan (dont je n'hésiterai pas pour ma part à qualifier le parti d'extrême-droite tant il se montre dans ses orientations et dans le discours de ses sympathisants si poreux avec le FN), voilà qui m'apparait comme potentiellement dangereux.

L'ancien élu belfortain, qui a démissionné du MRC avant l'été, veut avec son club " République moderne " (RM) dépasser les " clivages obsolètes " des partis politiques pour s'adresser à " tous ceux pour lesquels le mot patriotisme a gardé un sens ". La majorité des membres du MRC ne l'a pas suivi dans sa volonté de se joindre à Nicolas Dupont-Aignant, le président souverainiste, et pour eux répulsivement de droite, de " Debout la République " (DLR).(source)

Ce genre de rapprochements entraîne en outre un confusionnisme politique du plus mauvais effet sur les personnes les moins politisées, dont certains stratèges et pseudo-penseurs politiques auront beau jeu de railler ensuite l'enfermement obsolète dans un clivage-partisan droite gauche qui selon eux n'aurait plus lieu d'être. Je récuse cette idée tellement en vogue avec d'autant plus de virulence que je vois au quotidien les effets que ce genre de confusionnisme militant entraîne chez les bas du front, les têtes fêlées, les personnes les moins cultivées et politisées. Cette volonté d'effacement du clivage droite/gauche fait partie en effet des éléments de langage que ceux qui combattent le confusionnisme et le complotisme connaissent bien, pour lutter contre au quotidien. On peut le constater à la fois, pour ne rester qu'en France, à l'UPR d'Asselineau ¹, au MRC, chez les Chouardisants, et dans un groupe plus crépusculaire nommé " les citoyens constituants " (LCC) dans le Mouvement 6ème République, qui tente de faire de l'entrisme depuis l'extrême droite vers le front de gauche par ce biais... En vain, puisque ses dirigeants ont été alertés sur le phénomène et se montrent à présent plus vigilants. Par delà ce discours facile sur la nécessité de l'effacement des frontières partisanes, il n'est pourtant un secret pour personne que le patriotisme et le nationalisme sont les vertus cardinales d'une certaine droite qui ne répugne nullement, contrairement à moi, aux extrêmes, puisque bien des cadres du MRC par exemple ont émigré (sic) vers le FN. Ainsi, Florian Philippot, une des figures les plus médiatiques du Front national (FN) se revendique régulièrement du MRC. D'autres personnalités comme Paul-Marie Coûteaux et Bertrand Dutheil de La Rochère, co-fondateur du Mouvement des citoyens puis du MRC, a été conseiller République et Laïcité de Marine Le Pen lors de la campagne présidentielle de 2012. La même fiche wikipédia sur le MRC dans laquelle j'ai pioché une partie de ces infos nous invite en outre à " noter la participation de militants (ou anciens militants) MRC à des sites classés à l'extrême droite. Ainsi Christine Tasin, ancienne militante également passée par DLR, copréside le site Riposte laïque, largement consacré à la défense de l'islamophobie. On peut également citer Julien Landfried, encore membre du MRC et candidat aux législatives de 2012 sous cette étiquette, qui a cofondé avec le très controversé François Devoucoux du Buysson l'Observatoire du communautarisme (aujourd'hui dissout). Ce même Julien Landfried sera pointé du doigt pour avoir donné une conférence sur son livre au local dirigé par le militant fasciste Serge Ayoub, fait qu'il admet en expliquant ignorer qui tenait l'endroit. Aussi, quand j'ai vu cet article d'Ornella Guyet, de Confusionnisme.info sur Jacques Sapir, en le lisant, j'ai peu à peu compris pourquoi j'étais si méfiant, tant envers le concept de souverainisme qu' envers ce personnage que tant à gauche écoutent attentivement... et pour certains admirent. Moi pas. Malgré la crise grecque, je n'ai toujours pas la religion de la sortie de l'euro chevillée à l'âme comme bien d 'autres au Front de Gauche qui en font presque un signe de ralliement et d'appartenance gauchiste, ce qui me rend moins sensible au discours de Sapir, si volontiers récupéré par le FN. Par ailleurs, je n'apprécie guère sa complaisance (visible régulièrement sur son site de Russeurope) à l'égard du régime de Vladimir Poutine, que je considère très clairement comme un tyran raciste xénophobe et homophobe. Cet ultra-nationaliste expansionniste est si proche de l'extrême-droite qu'il favorise très concrètement et par un réseau d 'influence nourri le développement des mouvements d'extrême droite européens (voir ainsi le prêt de la Russie au FN). En outre, apprendre que Sapir s'est rapproché lui aussi depuis 2012 du droitier Dupont-Aignan, voilà qui renforce ma méfiance. Et quand j'apprends qu'il participe entre autres joyeusetés à des colloques avec le gratin de l'extrême droite française m'oblige à le ranger dorénavant dans le champ de l'extrême-droite, n'en déplaise à ceux, qui à gauche, le prennent poru l'un des leurs. Sans moi. Un simpe exemple :

le 6 janvier 2011, Jacques Sapir a par exemple participé à un colloque organisé à l'Assemblée nationale par Les Cahiers de l'Indépendance, une revue animée par Paul-Marie Coûteaux, lors duquel se sont retrouvés le ban et l'arrière-ban du souverainisme le plus réactionnaire et même, disons-le, de nombreuses personnalités d'extrême droite : Eric Zemmour, Paul-Marie Coûteaux, Nicolas Dupont-Aignan, Renaud Camus, Marie-France Garaud, Roland Hureaux, Jean Robin, Jean-Pierre Gérard, Alain Paucard, Philippe Laurier, Philippe Cohen, Pierre Lévy, John Laughland, Nicolas Stoquer et Hervé Coutau-Bégarie.

Savoir ensuite que Sapir a participé activement à un autre colloque plus récent présidé par le très droitier Nigel Farage, chef du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), un parti non seulement " euro-sceptique ", comme le présentent pudiquement régulièrement les journalistes et commentateurs politiques, mais également raciste et xénophobe, voilà qui non seulement me refroidit, mais m'oblige dorénavant à le considérer comme un ennemi politique. Fréquenter les adversaires de la République, de la démocratie, et des droits humains,dont nombre d'entre eux sont des racistes et xénophobes convaincus, cela n'est pas négociable. No passaran.

¹ Lequel a appelé dernièrement au rassemblement, du front de gauche au FN, en passant par l'UPR, bien sûr... mouarff f!


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