LE PLUS. Du 17 au 31 juillet, c’est la fête de la littérature jeunesse. Les auteurs qui nous ont fait rêver dans notre enfance sont victimes d’une précarité grandissante. Droits d’auteurs de misère, manque de considération, Carole Trébor, écrivain, tire la sonnette d’alarme. Tribune co-écrite avec Marie Pavlenko, administratrice de la Charte des auteurs et Valentine Goby, vice-présidente. Édité par Louise Auvitu Auteur parrainé par Hélène Decommer.
Les écrivains jeunesse sont mal considérés et mal rémunérés. (FlickrCC/Drew Coffman)
Nous nous réjouissons de cet événement qui encourage la lecture auprès des enfants et des adolescents, de cette mise en avant de nos œuvres. Mais n’oublions pas ceux qui les créent, et qui vivent dans une précarité grandissante : les auteurs jeunesse.
L’auteur offre le terreau, le socle sur lequel l’enfant pourra nourrir sa réflexion et enrichir son imaginaire. Il joue un rôle primordial dans le cheminement des plus jeunes : il éveille les consciences, forge les citoyens de demain. Il aide à grandir et à penser. Pourtant, il occupe une fonction sociale oubliée ou dénigrée.
Mal rémunéré, déconsidéré, il est trop souvent exploité. Loin des caricatures des films américains, qui mettent en scène des écrivains travaillant dans leurs villas à baies vitrées, posées devant la mer, l’auteur jeunesse vit souvent dans des conditions déplorables.
L’auteur jeunesse, cet éternel stagiaire
La qualité et la diversité de la littérature jeunesse sont reconnues et appréciées de nombreux professionnels des secteurs liés à l’enfance : maîtres des écoles, professeurs, éducateurs, bibliothécaires.
L’auteur doit être capable de dialoguer avec une classe, de manier des concepts intéressants, de maintenir un suspens, mais dans les faits, il est considéré comme un stagiaire. Ou un déjà-nanti.
Dans tous les cas, un être plus proche de ses personnages de papier qu’un humain de chair et de sang : il n’a pas besoin d’argent pour vivre (l’argent, c’est sale, tellement loin de l’idée romantique et bohème que l’on associe à la création…).
Au nom de quel principe l’auteur jeunesse est-il le seul à ne pas pouvoir vivre des livres qui n’existeraient pas sans lui ? Même les écrivains reconnus par la critique, primés, qui vendent des dizaines de milliers d’exemplaires ne peuvent pas vivre de leurs œuvres. Tout juste peuvent-ils survivre.
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