Mon père lui, dans le couloir de l'hôpital, en position du connard Rodin dubitatif continua de bombarder son paquet de cigarettes et fut incapable de venir regarder son fils revenir à la vie. Certaines personnes ont des des joies très intérieures, sont peu loquaces voire hébétées en cas de grand bonheur (je puis le comprendre car nous sommes tous tellement différents) ; mais Antoine, en plus, était tétanisé par l'événement (Il est balance ascendant lombric pour ceux qui pratique l'astrologie) alors je pense qu' il y eut sûrement chez lui comme une prise de conscience, une petite voix qui lui souffla :
" Tu n'apporteras rien de plus a l'équipe médicale sinon qu'une poisse légère, Antoine,... reste où tu es " ce sera mieux pour tout le monde.
Lors de ma naissance déjà, il avait fait le coup à ma mère de ne pas assister à son accouchement avec comme excuse -une forte émotivité- que l'on soupçonna par la suite (selon les amis de la famille) à une personnalité borderline. Mais mon père vit bien cette cyclothymie, il continue de peindre ses fruits laids et bosser comme chef-égoutier pour la ville de Bligny.