Dans La Famille du Boss

Publié le 27 juillet 2015 par Hunterjones
Pierre-François Legendre.
Oui, lui en photo, le comédien. Vous le connaissez. Du moins au Québec. J'étais de la même école secondaire et de la même année que lui. François Létourneau aussi d'ailleurs. Nous avons tous le même âge.
Mais voilà, En secondaire 1, le directeur de notre niveau c'était Michel Legendre. Non, ce n'était pas son père, mais son oncle. Le frère de son père. Comme il était de la famille, il le voyait donc à Noël et dans des occasions spéciales EXTRA-scolaire. On l'avait même vu une fois, dans une voiture, ASSIS À SES CÔTÉS SUR LE BANC DU PASSAGER.

Legendre! PF! Avec le DIRECTEUR!
Il ne pouvait donc mathématiquement PAS être notre ami. Rien contre PF, c'était le plus gentil des bougres, mais on ne pouvait pas le mettre dans le secret des coups pendables que l'on mijotait ou des projets d'anarchie en mode de préparation, IL ÉTAIT COPAIN DE L'ENNEMI!!!
C'était une grenade à retardement.

Et comme j'étais toujours dans le bureau de son oncle...
Il y avait donc malaise entre nous. Je n'ai jamais complètement surmonté ce type de malaise.
Le malaise du "fils de..." ou de la "fille de...".
Je travaille en ce moment avec trois personnes du genre. Deux gars et une fille. Le premier a été engagé à l'entrepôt peu de temps après moi. L. est le moins pire des trois car c'est un pauvre bougre qui a tout contre lui. En commençant par une oreille qu'il s'est fait étirer par un itinérant lourdement intoxiqué que le lui aurait mordu dans un moment de folie (si ce qu'il dit est vrai). C'est le fils d'une femme qui travaille pour l'entrepôt depuis une dizaine d'année. Je ne sais pas quel âge a cette femme. Elle en paraît 125. Elle est minuscule, avec un corps d'enfant. Chaque fois que je la croise, je reste surpris de penser qu'un adulte ait pu désirer un tel corps. il y a presque quelque chose de malsain dans tout ça. Elle n'a pas de formes. Et elle fume tant, que même si on ne l'a jamais vu fumer, on entend la fumée dans sa voix quand elle parle.
Je ne sais pas si ça se dit avec respect, mais elle est franchement maganée. Elle travaille dans les bureaux de retours. L. travaille avec nous à déporter le matériel dans la nuit.

Il est épouvantable. Il ne travaille franchement pas bien. On le tolère parce que c'est le fils de madame, mais ailleurs, il serait limogé depuis longtemps. De plus, il nous entretient toujours des états de son divorce d'avec son ex, pensant peut-être que ça nous intéresse, et c'est parfois le cas, mais chaque fois il ne semble pas remarquer l'attention obscène accordée pour mieux se soulager de ne pas être pris dans le même type de mélasse amoureuse.
Son inaptitude à bien travailler a eu drôle d'effet...sur sa mère!

Personne ne la remarquait vraiment elle depuis 10 ans, son bureau est dans un coin moins fréquenté et comme je vous dis, elle est si frêle qu'elle passerait dans l'échancrure d'une porte. Mais depuis que son fils a été engagé, la direction remarque les plus vilains défauts du fils lui vient de la mère!
Mais comme la pauvre dame fait parti des meubles, on tolère les deux.
Qui sont plutôt misérables, chacun de leur façon.
Nos patrons sont italiens (bien sûr! le vieux port!) L'un d'eux a pris sa retraite il y a 6 mois. Mais il nous avait laissé ses deux neveux. Un gars et une fille. Z. travaille dans l'entretien et B. travaille...elle travaille partout car on ne sait tout juste pas quoi faire d'elle.
Z. est tolérable, mais on ne peut pas lui partager les récriminations qu'on aurait contre la compagnie, son oncle faisait parti de la bizz depuis longtemps et il pourrait tout lui rapporter qui lui, pourrait à son tour rapporter à Luigi, Michaelo, Sandy ou Joe.
Il essaie beaucoup de s'intégrer à nous, mais y arrive peu. Il travaille toujours quand on est en pause. Quand on lunch, il en profite pour passer le balai/la mope, la où nous étions. Il nous lance souvent des sujets qu'il tricote en tête depuis un bout de temps tout seul, mais comme on ne vit pas dans sa tête, ses sujets nous apparaissent toujours comme des cheveux sur une soupe.
"Hein?" dit celui qui transporte une caisse de whisky du bateau à l'entrepôt, section RS.
"Il l'ont retrouvé, mais ils ont rien solutionné encore" dit Z.
"De...de quoi tu parles, Z.?"
"Marc-André Simoneau...Son cadavre...sa mort n'est toujours pas expliquée"
Je ne savais pas du tout de quoi il parlait mais après explications, j'ai compris. On venait semble-t-il d'en parler à la radio, mais je n'écoutais pas, j'étais entre dehors et en dedans, et je bossais fort.
Z. se permet souvent de vacher sur le plancher car il sait que personne ne viendra le faire chier, c'est le neveu d'un ancien big boss.
B. est le clou dans le soulier.

J'en ai déjà parlé, il s'agit d'une ancienne mannequin. Elle n'est pas particulièrement belle, en fait peut-être oui, sur photo, elle est grande et élancée, mais elle est d'une telle stupidité abyssale qu'on arrive à ne lui trouver aucune beauté.
Elle incarne à elle seule TOUS les clichés que l'on peut prêter à une mannequin. Elle a toujours très peu à dire. Elle est sotte beyond imagination et sa voix est épouvantable. Sa voix trahit une stupidité plus large qu'originalement anticipée. Son rire, quotidienne morsure, est affreux. Elle es GNiaiseuse avec un GN majuscule.

On l'a fait commencer à un poste et on l'a mutée ailleurs parce qu'elle était trop nouille pour comprendre ce qu'elle faisait. On l'a "remuté" ailleurs parce qu'elle rendait les autres fous par son manque de jugement. Puis finalement on lui a confié cet été le rôle de...boss!
BOSS!!!!
C'est l'une de nos boss cet été quand les big shots sont en vacances, donc, tout le temps, puisqu'il y en a 5, et qu'il y en toujours un de parti pour 3 semaines, ça couvre pas mal tout l'été. Le malaise est absolu quand on entend que B. supervisera notre section aujourd'hui. Les regards s'échangent. On sourit malgré nous. On sait que la connerie sera au rendez-vous.

Ces temps-ci, ça va bien, car elle est elle-même ailleurs. Je ne sais pas si c'est en vacances ou en formation, mais elle a besoin de beaucoup BEAUCOUP d'encadrement. On ne la voit plus à l'entrepôt depuis deux trois semaines. Mais ça reste archi bête à la base de savoir que cette nouille a un poste de gestion plutôt important alors qu'elle peinerait à écrire mon nom de famille de 5 lettres sans faute.
Dans les trois cas on tolère le manque absolu de talent chez l'employé(e).

Et il y a toujours inconfort.
Parce qu'on n'y peut rien. C'est dans la famille des boss.
Le mal nécessaire.
Ma question reste toutefois, c'est nécessaire en quoi?
Je me sens encore comme ça, chaque fois que j'entends Marc Dupré à la radio.