Titre original : Over The Top
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Menahem Golan
Distribution : Sylvester Stallone, Robert Loggia, Susan Blakely, David Mendenhall, Chris McCarty, Rick Zumwalt…
Genre : Action/Drame
Date de sortie : 8 avril 1987
Le Pitch :
Lincoln Hawk, un chauffeur routier plutôt solitaire, est chargé par son ex-femme d’aller chercher son jeune fils à l’Académie Militaire, où il étudie. L’homme voit dans cette situation l’opportunité de rattraper les années perdues, qui n’ont fait que creuser le fossé qui le sépare de son fils. Plutôt réticent, ce dernier oppose à Lincoln une résistance farouche. Quand le grand-père du garçon tente d’évincer Lincoln de la famille, le routier décide de faire ce qu’il sait faire de mieux pour gagner son indépendance et faire prévaloir ses droits sur son garçon : participer au championnat de bras de fer…
La Critique :
Menahem Golan et son cousin, Yoram Globus se lancés à la conquête d’Hollywood pour finalement y imposer une nouvelle façon de faire des films. Au début considérés comme des malades complètement bourrins, ces deux passionnés (de cinéma et d’argent) ont finalement mis, fut un temps, l’industrie à genoux. Au beau milieu des années 80, c’est la gloire pour la Cannon, dont le prestige n’est dû qu’à l’obstination et au caractère fondeur des cousins venus d’Israël. Plutôt spécialisée dans les films d’action un peu bas du front, la firme rêve d’attirer dans ses filets le grand Sylvester Stallone, alors au sommet, grâce au succès combiné de 4 Rocky et de 2 Rambo. Le truc, c’est que Sly ne tourne pas pour le premier venu. Si on le veut, il faut allonger les biftons. Menahem Golan, qui a le scénario parfait pour l’acteur, impressionne tout le monde en mettant sur la table la modique somme de 12 millions de dollars. Quel comédien pouvait alors se targuer de toucher autant de fric pour un seul film ? Personne. Forcément, l’Étalon Italien signe le contrat, mais tient à retoucher le script. Golan pour sa part, tellement persuadé qu’il tient là un hit du box office, assure la mise en scène. Une façon également d’équilibrer le budget global de 25 millions, bien amputé par le seul salaire de sa star.
À l’arrivée, l’Histoire retiendra d’Over The Top, qu’il a initié la descente dans un enfer de dettes de la Cannon, qui ne s’en relèvera jamais (Superman IV et d’autres films se chargeront de l’enterrer définitivement). Pour Stallone, le long-métrage marquera son premier faux pas. C’est bien simple, Over The Top, rebaptisé chez nous pour sa sortie en salle, Le Bras de Fer, n’a pas marché. Aux États-Unis, il n’a rapporté que 16 millions et dans le Monde, à peine plus de 60. Certes, il y a pire comme résultat, mais assorti de critiques désastreuses, on peut difficilement parler de succès.
Cela dit, avec le temps, Over The Top a acquis, à l’instar d’autres productions Cannon ou de films comme Road House, un statut bien particulier. Certains (dont l’auteur de ses lignes) n’hésitent pas à parler de film culte. Oui, car même avec ses défauts voyants, sa réalisation basique et son scénario feignant, Le Bras de Fer fait quand même le job.
Menahem Golan fut le seul à croire un tant soi peu à Over The Top. Taillé sur mesure pour Stallone, le long-métrage est en quelque sorte une déclinaison à peine déguisée de Rocky, axée sur un type seul, considéré comme un perdant, qui va, par la seule force de sa volonté, de son bon cœur et de ses bras, regagner l’estime des autres. En gros, c’est très simple. Lincoln Hawk est fait du même bois que Balboa et le fait que Sly retravaille le script, alors qu’il n’était pas super motivé à la base, n’a pas dû aider à proposer une quelconque nouveauté. En 1987 comme aujourd’hui, c’est dans ce genre de boulot qu’on envisage le plus Sly, qui, de par son histoire personnelle, puis ses choix de carrière, n’a cessé d’entériner lui-même l’archétype définissant sa carrière et la façon dont il est perçu par le public. Contrairement à Schwarzenegger ou à Chuck Norris, Sly n’est pas ce mec connu de tous pour être super balèze. Non, lui c’est le type qu’on ne remarque pas et qui galère à s’imposer. À la ville comme à l’écran, Sly a bossé pour obtenir ce qu’il voulait. Et dans Over The Top, bosser pour obtenir le respect signifie faire des compétitions de bras de fer.
Une drôle d’idée (faire un bras de fer en fin de soirée avec des potes, ok, mais bâtir tout un film là-dessus ? Il fallait oser), au centre d’un pur produit de son époque. Pas spécialement fin, on s’en doute et ce n’est pas ce qu’on vient chercher, Over The Top se contente de recycler maladroitement la morale de Rocky, en allant même jusqu’à faire déclamer à Sly un monologue motivant dont lui seul à le secret. La relation compliquée père/fils au centre du truc n’ayant pour but que de souligner cette morale, néanmoins toujours efficace, si tant est que l’on soit fan de l’acteur. Sans se prendre la tête (ce n’était pas trop son genre), Menahem Golan est allé chercher des gimmicks et se les ait appropriés, assez simplement. Si Stallone fait des bras de fer avec des mecs plus balèzes qu’il finit par vaincre, il se bat aussi un peu, histoire de faire bonne mesure. Les méchants sont caricaturaux, les punchlines fusent, la musique mi-glorieuse, mi-sirupeuse, enveloppe le tout et le tour est joué. En sa qualité de véhicule dédié à la gloire de sa star, Over The Top est parfaitement cohérent. Non ce n’est pas le meilleur film de Stallone, de loin, mais oui, il fonctionne à fond. Il a traversé les années sans perdre de son pouvoir, porté par le second degré (acquis avec le temps) de répliques devenues cultes (« quand je retourne ma casquette, je deviens une machine »), la naïveté de son discours, et le charisme de son acteur vedette, opposé au toujours impérial Robert Loggia. Quant au gamin qui campe le fils de Sly, il joue comme un pied, mais au fond, ce n’est pas grave.
Adulé par les initiés, qui ont fait des défauts du film de vrais arguments en faveur de sa réhabilitation, Over The Top se doit d’être considéré comme le parfait exemple de ce que pouvait produire une certaine industrie cinématographique bien particulière, aujourd’hui plus ou moins en sommeil (ou morte c’est selon les perceptions). Dans les années 80, ce genre de truc tournait en boucle dans les magnétoscopes, jusqu’à ce que la VHS rende l’âme et passait à la télévision trois fois par an (en exagérant à peine). Si il fut un échec, pour Stallone et pour le studio, Over The Top est resté dans les mémoires pour tout un tas de raisons. Bonnes ou mauvaises, à chacun de voir, mais une chose est sûre : l’amour qu’on peut lui porter est tout aussi justifiable que la haine que ses détracteurs ont à son encontre. Et puis, après tout, il reste le seul et unique film dédié à cet art de brutes qu’est le bras de fer ! Rien que pour cela…
@ Gilles Rolland