«Le Tour de France, c’est la fête et les jambes », plaisantait l’écrivain Antoine Blondin, célèbre pour ses chroniques du Tour. La fête a son prix. L’édition du Tour 2015 est partie d’Utrecht, aux Pays-Bas. Nul ne sait exactement combien les édiles ont payé pour être ville du « Grand Départ 2015 », la somme de 5 millions d’euros étant avancée par la presse locale.
Le Tour de France est une machine à faire du cash. Au sommet de la pyramide on trouve Amaury Sport Organisation (ASO), la société organisatrice de l’événement qui possède notamment le quotidien L’Équipe et le Rallye Dakar. Nul ne sait exactement combien l’événement lui rapporte, mais le chiffre d’affaires se ventilerait ainsi : 60 % via les droits télévisés, 30 % par les sponsors et 10 % via les collectivités locales.
Car, pour accueillir une des étapes du Tour de France, les communes candidates versent une redevance. Selon Les Échos, les prix vont d’environ 60 000 euros pour le départ d’une étape à 100 000 euros pour une arrivée. Si une commune gère à la fois le départ et l’arrivée d’une étape, la facture grimpe jusqu’à 160 000 euros. N’est pas ville-étape qui veut.
Hôteliers et restaurateurs tirent les marrons du feu
Les municipalités doivent répondre à des critères logistiques, notamment quant à leur capacité hôtelière. À la redevance payée à ASO, s’ajoute le coût des aménagements nécessaires à l’accueil de l’événement : infrastructure routière, parkings… L’implantation du village de départ avec les tentes et stands, où sont reçus invités, suiveurs et coureurs est également à la charge des villes-étape. Ces opérations sont souvent cofinancées par le département et la région. Le département de la Manche évalue, par exemple, que le coût de l’événement est de 2 millions d’euros.
Quelle rentabilité, les collectivités locales retirent-elles du passage du Tour ? Essentiellement des recettes touristiques. Hôteliers et restaurateurs sont les premiers à tirer les marrons du feu, car ils ont des milliers de personnes supplémentaires qui viennent frapper à leur porte. L’attractivité que confère le rôle de ville-étape profite aussi aux sociétés de services locales. Au total, une ville comme Gap évalue ces retombées économiques à 2 millions d’euros d’après l’estimation de son maire, Roger Didier, cité par Atlantico. A Londres, le maire de l’époque, Ken Livingstone, avait estimé que chaque livre investie dans le départ du Tour (en 2007) en avait rapporté 10.
D’autres villes sont moins enthousiastes : le maire écolo de Grenoble, Éric Piolle a fait savoir en 2014 que sa ville ne recevrait plus d’étapes du Tour, jugées trop onéreuses.
Alexis Constant
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