Un collyre qui peut » dissoudre » la cataracte, c’est ce que ces scientifiques chinois et californiens viennent de développer, une option qui aura à coup sûr la préférence des patients et de leurs médecins. Car la seule option aujourd’hui disponible est une chirurgie douloureuse et coûteuse. Ces données d’efficacité du collyre à base d’une hormone stéroïde naturelle, présentées dans la revue Nature sont prometteuses, mais doivent encore être validées sur les humains.
La cataracte entraîne une perte de transparence du cristallin de l’œil et, si elle n’est pas traitée, peut conduire à la cécité. Cette lésion du cristallin survient avec la détérioration des protéines qui le composent et qui vont s’agglutiner pour former une couche ou des tâches. La cataracte peut se développer dans un œil seulement ou dans les deux yeux.
Cette maladie oculaire affecte des dizaines de millions de personnes dans le monde, sans que les scientifiques soient tout à fait sûrs de ses causes. La plupart des cas sont liés à l’âge, avec un pic d’incidence autour de 80 ans. La seule option de traitement, chirurgicale est simple et sûre, mais reste difficile d’accès dans les pays en développement et est douloureuse pour les patients. On estime que dans le monde, plus de 30 millions de personnes sont aveugles, en raison de la cataracte.
» Dissoudre la cataracte » : Les chercheurs chinois des universités Sichuan, Sun Yat-sen et Tsinghua, avec leurs collègues de l’University of California San Diego ont donc cherché une autre option thérapeutique, plus accessible que la chirurgie. Ils ont mis au point ce nouveau traitement, un collyre administrable directement dans l’œil, à base d’une hormone stéroïde naturelle, le lanostérol. Il s’agit en pratique de gouttes ophtalmiques, à mettre dans l’œil avec une pipette qui va peu à peu rétrécir ces tâches du cristallin et finalement » dissoudre la cataracte « .
Une forme congénitale de la cataracte, identifiée chez 2 enfants chinois, et dont les parents n’avaient pas eu de cataracte, est à l’origine de ce médicament. Les chercheurs ont en effet découvert que ces frères et sœurs partagaient une mutation qui bloquait la production de lanostérol. Lorsque les chercheurs testent leurs gouttes ophtalmiques à base de lanostérol sur un cristallin humain en laboratoire, sur des lapins modèles de cataracte, puis sur des chiens spontanément atteints de cataracte, ils constatent dans ces 3 cas, une réponse positive avec une dissolution de la cataracte.
La prochaine étape est de comprendre comment les gouttes de lanostérol induisent exactement cette réponse des protéines et de passer aux essais cliniques chez l’Homme.
Source: Nature 22 July 2015 doi:10.1038/nature14650 Lanosterol reverses protein aggregation in cataracts
(Visuel NEI/NIH)
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