Anna n'est pas qu'une femme, qu'un splendide spécimen du sexe féminin, c'est une femme dotée d'un sens moral entier, tout d'un bloc, prédominant : tout ce qui fait partie de sa personne est important, a une intensité dramatique, et cela s'applique aussi bien à son amour.Note :
Elle n'est pas, comme Emma Bovary, une rêveuse de province, une femme désenchantée qui court en rasant des murs croulants vers les lits d'amants interchangeables. Anna donne à Vronski toute sa vie.
Elle part vivre avec lui d'abord en Italie, puis dans les terres de la Russie centrale, bien que cette liaison « notoire » la stigmatise, aux yeux du monde immoral dans lequel elle évolue, comme une femme immorale. Anna scandalise la société hypocrite moins par sa liaison amoureuse que par son mépris affiché des conventions sociales.
♣♣♣♣♣Avis :Voici un roman qui me tentait depuis un moment mais qui m'effrayait quelque peu. Par son épaisseur tout d'abord, mais aussi par son âge. Je craignais des tournures désuètes difficiles à déchiffrer et à pleinement percevoir. De plus je n'avais jamais lu de littérature russe (malgré une grande envie) et ne savais donc vraiment pas à quoi m'attendre.
J'ai finis par me lancer et il m'a fallu environ un mois pour en venir à bout, entrecouper de bien d'autres lectures pour ne jamais "en avoir trop". Ces pauses étaient bienvenues.
En effet, contrairement à ma crainte initiale, ce roman n'est pas difficile à lire. Les tournures sont adaptés à leur époque sans qu'un lecteur contemporain ne soit perdu ou rebuté par un style lourd ou pompeux. L'ensemble est fluide et plutôt plaisant à lire. Néanmoins j'avoue que je ne dépassais que rarement les 200 pages par jour. Au delà j'avais tendance à perdre le fil, à me "forcer" plus qu'à prendre plaisir.
De plus, je suis plus habituée des histoires avec une certaine action, un certain sens du rythme, ce qui n'est absolument pas le cas ici.
Tout se déroule lentement, presque sans heurt si ce n'est les sensibilités des personnages.
J'ai tout de même moins eu l'impression de lire l'histoire d'Anna que l'histoire de Lévine. En effet, c'est lui qui est le plus présent et dont on a le plus les impressions et les tourments. C'est un personnage un peu égaré, qui tente de bien faire avec ce qu'il connaît, qui tente de faire des améliorations dans sa vie et dans son domaine mais qui se heurt à bien des murs. On le voit évoluer de bien des manières, dans sa vie personnelle comme dans sa gestion du domaine ou même dans ses visions.
Anna présente une histoire qui se rajoute à celle de Lévine. Là où lui a une vie relativement paisible à la campagne - et dédaigne la ville - elle est la digne représentante d'une aristocratie flamboyante. Que ce soit par ses paroles, ses actes ou ses tenues, Anna est un contrepoids intéressant à Lévine.
Pour avoir lu le prologue et l'étude de fin, l'auteur se serait inspiré de lui-même et de sa vie pour décrire Lévine, ce qui pourrait expliquer l'importance de ce personnage et les longues descriptions de la vie à la campagne, au détriment parfois du reste des personnages.
L'histoire d'Anna est belle et tragique. C'est en effet un refus de l'hypocrisie de son époque qui a conduit Anna dans cette affaire. Si elle a quelques reproches à se faire, notamment lorsqu'on avance dans son histoire, on sent que sa rébellion lui aura coûté plus qu'elle ne lui aura véritablement apporté. Elle se donne toute entière à son amant, quitte à se brûler les ailes. Mais personne n'en prendra vraiment la mesure avant l'instant fatal. Dès lors, on a la sensation que la raison d'Anna se délite. Que des petits rien s'accumulent et la pousse lentement vers l'hystérie. Son état d'esprit se dégradant, elle n'aura plus de recours possible et je ne peux m'empêcher de la plaindre. Elle n'a pas su s'exprimer suffisamment, de même que son amant n'a pas été suffisamment habile, pour qu'ensemble ils surmontent les difficultés qui se présentaient à eux.
Au final, même si je doute de le relire un jour, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman. Cela me conforte dans mon envie de lire plus de classique et de littérature russe.
Infos :
- Anna Karénine
- Tolstoï
- Le Livre de Poche
- 1024 pages
- 9.20 € (poche) - 64 € (relié cuir - La Pléiade) - 1.61 € (numérique)
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