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Les pauvres sont-ils heureux ?

Publié le 24 juillet 2015 par Christophefaurie
Et si la pauvreté n'était pas incompatible avec le bonheur ? C'est la question que pose l'anthropologue Jean-Pierre Le Goff, dans un chapitre de La fin du village. Il interviewe d'anciens vanniers. La vannerie était un métier de pauvres, très dur. Et ceux qui le faisaient étaient mal considérés. Une activité pour Bohémiens, ou équivalents, vivant dans des marais. 
Et pourtant, ils étaient exceptionnellement heureux. "Il y avait une solidarité incroyable." Le travail se faisait en chansons. Et il y avait beaucoup de fêtes villageoises. Et on était fier de son ouvrage. Et on respectait son patron, un expert du métier, et un professeur. Et, surtout ?, comme le dit Camus, on préférait la mesure à l'absolu. 
La frontière entre se limiter et se résigner peut sembler mince, mais la distinction aide à comprendre une mentalité qui semble avoir disparu. 
Donnant sa part à la passion, les anciens ne considéraient pas que celle-ci dû régenter durablement les rapports humains, sinon au prix de leur destruction, en rendant impossible la vie collective : ils demeuraient fondamentalement attachés à la raison et à la modération, tout en sachant que le plaisir et la passion sont constitutifs de l'humain.

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