Willy Boder
A la lumière des études les plus récentes, des multinationales décident de relancer la machine scientifique, échaudée par plusieurs échecs, et libèrent de gros moyens financiers pour percer le mystère de la maladie d’Alzheimer. Un espoir pour les millions de malades et leurs proches
(EPFL/Dimitri Van De Ville)
Près de 50 millions de personnes sont touchées dans le monde par la maladie d’Alzheimer. Si aucun progrès n’est fait dans la découverte de médicaments, en 2050, 135 millions de personnes âgées passeront la fin de leur vie dans l’ignorance de leur passé et en ne reconnaissant plus leurs proches.Aujourd’hui déjà, la société se demande comment elle pourra faire face à cette souffrance, mais aussi à l’explosion des coûts d’accompagnement des malades. L’idée d’une assurance spéciale pour le troisième âge a été émise en Suisse, où il faudra, d’une manière ou d’une autre, revoir le système des forfaits payés rubis sur l’ongle par les caisses maladie aux établissements médico-sociaux. L’industrie pharmaceutique, échaudée par plusieurs coûteux échecs, s’est longtemps sentie impuissante face à cette maladie du système nerveux central.Les choses sont en train de changer, à la lumière des études présentées lors d’un congrès médical qui vient de se terminer à Washington. Certaines constantes apparaissent: le rôle majeur de deux protéines dans le processus de la maladie, ou l’importance du mode d’administration et de la dose du médicament à prescrire. Trois multinationales, Eli Lilly, Biogen et Roche, ont décidé de relancer la machine scientifique et de mettre de gros moyens financiers pour percer le mystère de la maladie d’Alzheimer.Sa compréhension, comme celle du cancer il y a vingt-cinq ans, est très lacunaire. Les chercheurs n’ont pas détecté le mécanisme d’apparition, dans le cerveau, de la plaque blanche qui la caractérise. La maladie, on l’a constaté avec les résultats des premières études cliniques, ne peut plus être ralentie dès que les symptômes sont trop importants. L’évolution de la recherche pourrait ressembler à celle de la lutte contre le cancer. Il a fallu des dizaines d’années pour comprendre les différentes formes de cancer, le rôle majeur de la génétique, la manière dont les cellules cancéreuses trompent le système immunitaire, avant d’aboutir à certains médicaments qui ne repoussent plus seulement l’heure de la mort d’un cancer agressif, mais soignent la maladie.La lutte contre la maladie d’Alzheimer sera longue. Elle commencera, sans doute dès 2018, par un médicament peu efficace qui ralentira simplement la perte des facultés mentales. La progression de la recherche se fera à petits pas, mais l’élan est donné. C’est l’essentiel.http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ef61cdfc-3171-11e5-903f-511fc5349148/Maladie_dAlzheimer_le_nouveau_cancer?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=generale-20150724