Témoin à charge (1957)

Par Eric Culnaert

Ce film de Billy Wilder date de 1957, et il est tiré d’une nouvelle d’Agatha Christie portant le même titre. À Londres, Leonard Vole (Tyrone Power) est soupçonné d’avoir assassiné une veuve riche et âgée, qui, par le plus grand des hasards, venait justement de faire un testament en sa faveur. Il a besoin d’un avocat talentueux, car les apparences sont contre lui, son alibi étant aussi solide que les convictions trotskystes de madame de Fontenay.

Justement, sir Wilfrid Robarts (Charles Laughton) s’ennuie : cet avocat célèbre a dû délaisser le barreau à la suite d’un infarctus, mais la Cour lui manque. Il faut dire qu’en dépit de la surveillance exercée par son infirmière miss Plimsoll (Elsa Lanchester), il fait d’énormes entorses au régime sévère qu’il devrait suivre, boit du whisky, fume le cigare en cachette (pour les femmes, un doute subsiste : nous sommes en Angleterre, et sir Wilfrid a dû faire ses études dans une high scool), et ne prend pas au sérieux ses médicaments.

L’accusé, Vole, est marié à Christine (Marlene Dietrich), une Allemande qu’il a connue à Berlin à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, et compte sur son témoignage pour être innocenté. Or Christine, belle mais aussi chaleureuse que la banquise, vient témoigner que l’heure à laquelle son mari est rentré à la maison n’est pas celle qu’il prétend, donc il a pu tuer la veuve. Vole est à deux doigts d’être condamné à la pendaison.

Or, le soir même, sir Wilfrid reçoit un coup de téléphone : une femme mystérieuse affirme détenir des lettres prouvant que Christine a un amant, et qu’elle a menti pour envoyer son mari à la potence afin de s’en débarrasser. L’avocat achète les lettres et les produit à l’audience. Scandale ! Christine a menti, Christine a chargé son mari pour le faire condamner, DONC le mari est innocent. Et voilà Leonard Vole acquitté, puisque le seul témoin à charge est une menteuse, infidèle et traîtresse. Il est aussitôt libéré.

Mais, le procès terminé, une conversation entre Christine et l’avocat révèle le pot-aux-roses : les lettres étaient fausses, c’est Christine qui les a fabriquées à seule fin de ruiner sa propre réputation et de faire acquitter son mari, dont : 1. elle est raide dingue, et 2. elle est bien placée pour savoir qu’il était vraiment coupable du crime ! Sublime dévouement conjugal, penses-tu, lecteur, et tu as raison. Une femme comme ça, tu en rencontres une, tu places illico tes gosses à la DDASS.

Oui mais voilà, Leonard, tiré d’affaire, laisse tomber sa femme, l’ingrat, car il en a rencontré une autre plus jeune, et s’apprête à partir avec elle sous les Tropiques avec l’argent dont il hérite. L’apprenant, Christine l’abat… et c’est elle qui a maintenant autant besoin d’un avocat qu’un cinéphile a besoin d’Allocine. Justement, sir Wilfrid recommençait à s’ennuyer !

Choisis ton arme et flingue la fin du film
       

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