Cet appartement sous les toits place des Ternes,
sans rien, sans un meuble, sans table ni chaise
Juste un lit
Un lit, dans une chambre aux murs noirs laqués
posé à même la moquette blanche
Un vrai lupanar des 70's, pourtant nous sommes en 1988
j'ai 22 ans,
pas de soeur, pas de frère, pas de famille à part mes parents.
Va falloir se faire une vie à soi
J'ai plaqué mon petit copain mais ça n'a pas marché pour autant avec l'autre.
C'est con
Insomniaque, je regarde des VHS toute la nuit.
l'écran crépite de films en noir et blanc
je fume comme un pompier
et m'endors dans le petit jour,
avec les premières voitures qui tournent sur la place des Ternes,
avec le marché aux fleurs qui ouvre son stand.
C'est Paris,
j'habite à Paris,
c'est là que je suis née
241 rue du Faubourg Saint Honoré
c'est mon adresse
Elle me fait rêver, cette adresse,
anonyme, forte,
elle respire l'aventure,
le lucre des chansons qui passent à la radio, des taxis qu'on attrape à la volée,
des filles en manteaux de fourrure avec du bleu sur les paupières
pour qui tout semble facile,
des Champs-Elysées et du drugstore où je vais acheter mes cigarettes en pleine nuit.
J'aime bien
ça me change
Souvent, tard le soir,
je vais au cinéma sur les Champs
Je remonte à pas lents l'avenue des Champs Elysées
c'est l'automne, des feuilles mortes voltigent dans les airs,
les feux rouges se reflètent sur les trottoirs
Des vieux me draguent avec leur grosses bagnoles,
ça doit les fait bander, une gamine toute seule dans la rue en pleine nuit,
ils doivent se dire que ça va être facile à remonter
facile à piéger
facile à fourrer
facile à congédier
Dégage, gros porc
1 heure du mat'
Je remonte mes 6 étages sans ascenseur
je lance une machine de linge pour écouter tourner le tambour,
sentir l'odeur de lessive
Ca mousse, ça ronronne,
enfin je peux dormir.