Je ne dis pas ça parce que 1977 est l'année de ma naissance, mais c'est l'une de mes préférées musicalement parlant. Il suffit de voir le nombre de disques importants de cette liste. 1977, c'est l'apogée du punk anglais avec le premier disque de The Clash et l'unique et ô combien essentiel album des Sex Pistols. 1977, c'est la magnifique période dite Berlinoise du trio Bowie-Eno-Pop qui donnera lieu à 5 albums exceptionnels d'audace et de créativité. 1977, c'est aussi le punk différent en provenance de New-York avec des formations aussi variées, indispensables et dont l'influence reste inaltérable comme les Talking Heads, Television ou Suicide. Bref, ce fut la meilleure année de la décennie, celle qui a envoyé valdinguer le rock à papa : les hippies, le rock progressif et ses solos de guitare démonstratifs et ennuyeux. Dehors, la technicité vaine, bonjour, le naturel et l'instinctivité animale, brute, l'originalité dans ce qu'elle peut avoir de plus passionnante. C'est pas pour dire mais s'il n'y avait pas eu 1977, il aurait fallu l'inventer.
10- David Bowie - Heroes
"Heroes" est moins pop, moins mélodique que son prédécesseur "Low" mais il contient pourtant l'un des morceaux les plus emblématiques de son auteur, le fabuleux titre éponyme que beaucoup de jeunes ne connaissent malheureusement que par le biais du pénible David Guetta. Mais "Heroes", le disque, est bien plus que seulement cette chanson, c'est aussi "V-2 Schneider" et "Neuköln", des choses plus inspirées par l'électronique allemande, Kraftwerk en tête. Bowie démontre une fois de plus son incroyable talent à s'approprier l'univers musical des autres.
9- Iggy Pop - The Idiot
"The Idiot" est un disque de rock aux claviers poisseux et enivrants, celui qui restera aussi dans la légende comme le dernier album écouté par Ian Curtis, le chanteur de Joy Division, avant de se pendre chez lui, dans sa cuisine. "The Idiot" est pourtant, dans la carrière d'Iggy Pop, une renaissance, lui permettant de tourner en beauté la page des Stooges. Sa version de "China Girl" est nettement supérieure à celle que chantera plus tard Bowie, son mentor de l'époque. Preuve si besoin était que l'iguane n'est pas qu'une bête de scène.
8- The Clash - The Clash
Le premier Clash reste une formidable machine à pogoter : du rock frontal, mélodique, torché en deux minutes trente, trois minutes maximum, qui va à l'essentiel, idéal pour les stades. Si d'aucuns préféreront la suite peut-être plus fouillée, je trouve que les Clash n'ont jamais été plus évidents et essentiels qu'avec cette concision et cette précision-là.
7- Suicide - Suicide
Près de 40 ans après, ce premier disque de Suicide ne ressemble toujours à rien d'autre. Martin Rev et Alan Vega ont pourtant dit s'inspirer du Velvet et des Stooges, mais ils ont eu le temps de peaufiner un son bien à eux, depuis leurs débuts dans l'anonymat des petites salles new-yorkaise en 1970. Sept ans pour aboutir aux morceaux de cet album d'électro-punk minimaliste préfigurant entre autres la musique industrielle. La musique de ce disque séminal est un lent poison qui fait son effet sur la longueur, insidieusement. Une fois adoptée, impossible de se passer de morceaux aussi pénétrants que "Cheree".
6- Iggy Pop - Lust For Life
Sur la pochette du disque, Iggy ressemble à Jean-Louis (Aubert, notre "Iggy" national, si, si). La musique par contre, n'a rien à voir (on s'en serait douté). Le chanteur délaisse le rock brutal et explosif des Stooges pour faire le disque de rock que Bowie a toujours voulu faire. Ah, on me dit, que ce dernier est à l'origine de beaucoup de titres de "Lust For Life". Peut-être mais "The Passenger", le titre le plus efficace du lot, s'est fait sans lui.
5- The Sex Pistols - Nevermind the Bollocks
On reproche aux Pistols de ne pas être un vrai groupe punk, d'avoir été finalement une vaste plaisanterie, les pantins de Malcolm McLaren et Vivienne Westwood. Sauf que sous ses abords outranciers et vainement provocateurs, la musique des Sex Pistols a mieux vieilli que l'imagerie punk du célèbre couple. Parce de "Holidays In The Sun" à "Anarchy in the UK" en passant par "God Save The Queen", ce rock converse son haut pouvoir de rébellion. "Nevermind the Bollocks" reste ce disque que l'on écoute quand on a envie de tout envoyer balader. Parce que les paroles sont tranchantes et sans concession. Parce qu'il y a surtout ce second degré sous-jacent qui lui permet de se détacher d'un contexte social et historique et dépasser les modes.
4- David Bowie - Low
Bowie accompagné de Eno se réfugie à Berlin pour trouver une nouvelle inspiration, il en ressortira au moins deux joyaux "Low" puis à un degré moindre "Heroes". "Station to Station" pour Bowie et "Another Green World" pour Eno avaient déjà annoncé la couleur. Ces deux-là règnent en maître absolu de la pop innovante des années 70.
3- Television - Marquee Moon
Le seul disque de l'histoire de la musique (ou presque) à me faire aimer les solos de guitares techniques. Richard Lloyd et Tom Verlaine inventent un son unique, un enchevêtrement de guitares lumineuses et ensorcelantes qui, s'il reste sans équivalent, a fait un nombre considérable de petits. Television ou la démonstration que la maîtrise de la guitare n'est pas que la chasse gardée du rock progressif ou du hard-rock. Et toc !
2- Talking Heads - Talking Heads : 77
Quel disque, mon dieu quel disque ! Quelle face B surtout ! C'est bien simple, quand la déprime me guette, que les idées noires affluent, rien de tel que d'enclencher ce premier Talking Heads pour tout balayer. Je ne connais pas meilleur remède contre la morosité ambiante que les "The Book I Read", "Pyscho Killer" ou "Pulled Up". Le genre de disques qui rend fou ... de joie.
1- Brian Eno - Before And After Science
Brian Eno est un génie et le prouve définitivement avec ce disque matrice, celui qui résume le mieux sa carrière, celui qui résume le mieux la musique pop dans son ensemble. On y trouve de tout sans que cela soit forcé, sans que cela tourne à la démonstration technique ou expérimentale. C'est d'ailleurs tout le talent de Eno, d'avoir construit une musique sophistiquée à partir de rien. Quelques notes de piano, une voix et on a par exemple "By This River", une des plus belles chansons du monde.