S'il y a bien un métier où l'on peut se permettre de ne rien glander pendant des heures, des jours, que dis-je... des semaines parfois ! C'est l'informatique... C'est toujours apparu comme incompréhensible pour mes parents bien habitués au pointage cher à l'industrie, aux obligations quotidiennes et au travail manuel. C'est aussi difficilement explicable dans les dîners mondains : soit on passe pour un branleur, soit pour un mec qui bosse comme un fou mais qui ne veut pas l'admettre, donc qui se la pète... et c'est pas beaucoup mieux.
C'est pourtant vrai cher lecteur ! La vie d'un consultant (terme générique dont tout le monde s'accorde à dire qu'il ne veut rien dire, même en lui pointant une lampe dans sa gueule) est rythmée par des projets, des mises en production, des jalons qu'il faut attendre et passer. Il faut attendre l'accord de Marcel, Robert et Saturnin avant de pouvoir commencer à bosser, et quand on est motivé on trouvera toujours un con pour changer d'avis et vous casser dans votre élan glorieux. On vous demandera de finir un truc pour la veille et une fois que vous l'aurez livré, on vous oubliera pendant 10 jours, jusqu'au moment où un gratte-papiers se dira qu'au prix que votre SSII vous facture, il serait de bon ton de vous rentabiliser au mieux... ou de vous congédier quelques temps.
Et puis le principe même d'un "cycle projet" (ça claque hein ?) c'est de bosser à son rythme : vous êtes grand, vous savez ce que vous avez à faire, vous savez pour quand vous devez le finir et vous savez qu'on vous attendra au tournant. Après si vous n'avez pas envie de bosser le lundi parce que le week-end vous paraît encore trop proche (et pourtant si lointain), libre à vous de flâner entre la machine à café et votre bureau, et de rattraper votre retard le lendemain. Se responsabiliser, être autonome : c'est comme ça que ça s'appelle.
Alors non votre voisin de plateau qui a consacré une bonne partie de sa matinée à lire Crime et Châtiment en PDF et votre autre voisin qui a passé une heure à choisir un PC chez Dell (oups ça c'est moi) ne sont pas des branleurs, ils gèrent juste leur temps comme ils le veulent. Si ça leur chante de commencer leur journée en douceur à 9h30 et de bosser au calme jusqu'à 21h, pourquoi pas ? Certes, si ce rythme de travail pénalise le projet et plombe les charges de toute l'équipe, là ils deviendront des branleurs et se mettront à dos leurs collègues. Question de circonstances, chacun ses responsabilités. Histoire d'illustrer le propos, vous venez de lire un article écrit depuis mon bureau, faut croire que la journée n'était pas trop remplie ;-)