L'histoire : au XVIIIe siècle en Irlande, à la mort de son père, le jeune Redmond Barry ambitionne d'améliorer sa condition. Il élimine en duel son rival, un officier britannique amoureux de sa cousine. Contraint à l'exil, il s'engage dans l'armée britannique, part combattre sur le continent, déserte et rejoint l'armée prussienne afin d'échapper à la peine de mort. Chargé d'espionner un noble joueur, il se retrouve sous la protection de ce dernier qui l'introduit dans la haute société européenne. C'est la que sera sa chance : devenu l'amant d'une riche et magnifique jeune femme, Lady Lyndon, dont le vieil époux meurt de dépit de se savoir trahi, il devient Barry Lyndon et jouit enfin d'une vie fastueuse. Cruelle sera sa chute...
Réalisé uniquement en lumière naturelle, Barry Lyndon représente une prouesse technique, rendue possible grâce à des bricolages "maison" et aux progrès techniques de l'époque en matière d'objectifs et de pellicules. Le travail du chef opérateur Jon Alcott fera date et sera justement récompensé par l'Oscar de la meilleur photo. Cet éclairage naturel, que ce soit par le ciel en extérieur et la bougie pour les scènes d'intérieur, donne au film son aspect pictural. La volonté de Kubrick étant de rendre l'atmosphère du siècle, inspirée par la peinture britannique de l'époque : on se croirait dans un tableau de Constable ou de Turner. Cette dimension esthétique, conjuguée à la musique empruntée à Bach, Haendel, Mozart ou Vivaldi et à la voix off qui narre les aventures du jeune Redmond souligne comme il se doit le propos du film : l'ascension sociale et la chute de son héros, brave garçon dévoré par une ambition qui le pousse à devenir un être dénuer de scrupules à l'orgueil démesuré.
Visuellement puissant et somptueux, Barry Lyndon est un film majeur dans l'histoire du cinéma. Fresque épique aux décors et aux costumes magnifiques, sans acteurs vedettes (Marisa Berenson et Ryan O'Neal ne sont pour Kubrick que des personnages), c'est un tableau peint par un maître qui déploie ici tout son talent de réalisateur et sa maîtrise de l'image. Inoubliables scènes éclairées à la bougie, où dansent les ombres et les sentiments, où nul ne se dévoile totalement... Plutôt que d'en parler pendant des heures, mieux vaut regarder cet extrait, magnifique scène de jeu : jeu de hasard sur la table, jeu de séduction entre Redmond et Lady Lyndon.