Le vent déclare la guerre au monde. On ne sait pas de quoi il est né, ni s'il s'arrêtera un jour. En attendant, il augmente sa vitesse quotidiennement, à raison de huit kilomètres à l'heure toutes les vingt-quatre heures. La civilisation se désagrège d'un bloc. Elle ne dispose d'aucune arme pour lutter ; même la pyramide d'un milliardaire, spécialement conçue pour résister au vent, capitule devant lui. Les hommes tentent de limiter les dégâts mais très vite, c'est la panique. On ne peut même pas dénombrer les morts. Sortir à l'air libre devient impossible. On se terre. On prie. Quand les réserves de nourriture seront taries, l'espoir succombera à son tour. Dehors, le vent hurle. Mais que dit-il ? Il ne dit rien. Il tue...
Le vent de nulle part fut mon premier Ballard. Ce roman fait partie de la tétralogie apocalyptique de l'auteur écrite dans les années soixante où il propose une vision de la destruction du monde par les éléments : l'eau ( Le monde englouti), le vent ( Le vent de nulle part), la chaleur ( Sécheresse) et la cristallisation ( La forêt de cristal). Ici le vent est une puissance destructrice qui entraine une dégradation rapide du monde devant laquelle les hommes sont impuissants. Donc, de la science fiction, et de la bonne! Mais se serait réducteur de ne considérer J.G Ballard (1930/2009) que comme un auteur de science fiction. Son oeuvre est autrement plus complexe. Ses romans, visionnaires, offrent une lecture d'un futur déjà présent dans notre société. S'en prenant au monde capitaliste ( Millenium people), il fustigeait la façon dont l'Etat nous endort à coup de biens de consommation : " La démocratie est devenue une plaisanterie. [... ] Au delà du consumérisme, il ne nous reste plus rien ". Plus de guerre, un monde soft où la violence est gratuite, issue d'actes dénués de sens.
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Crash, Folio, Gallimard, 2007, 345 pages
Millenium people, Folio, Gallimard, 2006, 475 pages