Critique Ciné : La Femme au Tableau

Publié le 22 juillet 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

La Femme au Tableau // De Simon Curtis. Avec Helen Mirren et Ryan Reynolds.


Au premier abord, La Femme au Tableau n’est pas forcément le meilleur des films. J’avais peur de voir un film très américain dans sa plus mauvaise façon de voir les choses, surtout l’Histoire et la guerre. Pourtant, La Femme au Tableau raconte une histoire qui a touché énormément de gens lors de la Seconde Guerre Mondiale, qui se sont fait piller leurs oeuvres d’arts et qui maintenant n’ont plus de droit dessus alors qu’elles tiennent place dans des musées en Autriche ou en Allemagne. Cela me rappelle un peu les Monuments Men qui étaient engagés par les alliés afin de sauver ce qui reste des oeuvres d’art et de trésors exceptionnels que les nazis voulaient soit détruire, soit hypocritement garder pour eux. Ce qui m’avait fait peur aussi c’est Ryan Reynolds (Green Lantern) qui est très loin d’être mon acteur fétiche et qui vaut surtout pour son minois et rien de plus. Mais il parvient ici à sortir du lot, à faire quelque chose d’autre comme ce que j’avais pu voir dans The Voices plus tôt cette année. Si le film de George Clooney était complètement raté dans sa façon d’aborder le sujet historique, La Femme au Tableau parvient à nous offrir une vision des choses assez touchante, grâce à un scénario fluide et un casting particulièrement réussi.

Lorsqu’il fait la connaissance de Maria Altmann, un jeune avocat de Los Angeles est loin de se douter de ce qui l’attend… Cette septuagénaire excentrique lui confie une mission des plus sidérantes : l’aider à récupérer l’un des plus célèbres tableaux de Gustav Klimt, exposé dans le plus grand musée d’Autriche, dont elle assure que celui-ci appartenait à sa famille ! D’abord sceptique, le jeune avocat se laisse convaincre par cette attachante vieille dame tandis que celle-ci lui raconte sa jeunesse tourmentée, l’invasion nazi, la spoliation des tableaux de sa famille, jusqu’à sa fuite aux Etats-Unis. Mais l’Autriche n’entend évidemment pas rendre la « Joconde autrichienne » à sa propriétaire légitime… Faute de recours, ils décident d’intenter un procès au gouvernement autrichien pour faire valoir leur droit et prendre une revanche sur l’Histoire.

La Femme au Tableau ne cherche pas qu’à nous raconter la bataille de ce jeune avocat pour retrouver le bien de Maria Altmann. En effet, ce film cherche aussi à nous raconter quelque chose de complètement différent avec les flashbacks qui reviennent à l’époque de la guerre. Maria est alors incarnée par Tatiana Maslany (Orphan Black) qui se mue à la perfection dans la peau de ce personnage. Elle est touchante et offre une vision assez complémentaire du personnage de Maria que celle que Helen Mirren tente d’offrir plus tôt. Le film parvient alors à installer un vrai suspense, très américain (à la fois par la musique, par le montage, par le rythme du scénario) et rien de mieux que Simon Curtis pour le faire. Celui à qui l’on doit le très médiocre My Week with Marilyn a surtout une vision très britannique. Le film a beau être très américain dans sa façon de faire du point de vue scénaristique mais la mise en scène me rappelle des films comme le brillant Le Discours d’un Roi. Alexi Kaye Campbell signe ici son tout premier scénario en adaptant l’histoire de E. Randol Schoenberg et Maria Altmann qui a donné lieu à un film. Je me demande si le réalité de cette histoire ne fait pas le succès de ce film (ou en tout cas participe à ce succès).

A côté de ça, La Femme au Tableau est un très joli film avec l’émotion que cela peut induire. Ce n’est pas la première fois que l’on parle de la Seconde Guerre Mondiale, du pillage d’oeuvre d’art des nazis, de la chasse des juifs, etc.) mais La Femme au Tableau le fait étrangement de façon très intelligente. Helen Mirren est impeccable de le rôle de cette femme qui a tout perdu avec la guerre et qui a juste envie de récupérer une partie de son histoire, un tableau, qui est maintenant accroché dans un musée à Vienne en Autriche. On oscille alors entre plusieurs genre, celui du thriller judiciaire, puis celui du drame-documentaire, etc. avec une petite leçon d’histoire en bout de course. Le film a beau entrer dans certains rangs (notamment celui de l’académisme), la mise en scène reste assez sobre dans son ensemble pour que l’on ne passe que de très bons moments au fil des minutes qui passent. Avant d’aller voir La Femme au Tableau, j’avais peur que ce film soit une énième relecture décevante de l’histoire nazi. C’est quelque chose de complètement différent avec certes pour trame de fond la guerre mais ce n’est pas le plus important.

Note : 7/10. En bref, l’émotion coule à flots dans ce magnifique récit d’après guerre.