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Une petite mouche en chocolat ?

Par Nicomak @Myriam_Nicomak

Des longues pattes velues, une carapace rayée et des antennes qui craquent sous la dent : a première vue, cette description ne devrait pas vous donner envie de croquer dans l’animal décrit ci-dessus. Pourtant, pour près de deux milliards de personnes au monde, je viens de décrire leur prochain repas : les insectes !

L’augmentation constante de la population mondiale nous oblige à nous pencher sur des thématiques d’alimentation mondiale lourdes d’implication géo-politiques. Près d’un milliard de personnes souffrent chroniquement de la faim et cela ne va pas en s’améliorant : les démographes estiment que nous serons 9 milliards d’individus à peupler la terre en 2050 et nous utilisons déjà 70% de nos terres agricoles potentielles ; terres agricoles qui, du reste, s’appauvrissent de plus en plus à cause de nos méthodes d’agriculture moderne. Le changement climatique et la pollution sont un autre facteur dans cette équation entre besoins et capacité à produire des protéines : plus de bétail signifie plus d’émission de gaz à effet de serre alors que plus de cultures signifient plus d’OGM et/ou plus d’utilisation de pesticides et engrais chimiques.  Dans ces conditions, les experts se tournent vers des alternatives telles que l’élevage d’insectes, réputés pour être riches en protéines, remplis d’amino-acides et d’oméga 3 et avec une empreinte carbone bien moindre que de la viande « classique ». Au-delà des habitudes alimentaires de notre société occidentale, les insectes sont-ils vraiment la fin de la faim ?

Fotolia.animaux.insectes

Une étude a récemment tenté d’évaluer la teneur en protéine des insectes ayant été élevé avec des régimes alimentaires différents. Malheureusement, les résultats sont assez décevants : le taux de conversion des sauterelles nourries avec des graines est très similaire à celui des poulets, même si très légèrement au-dessus… ce qui ne représente donc qu’un infime avantage pour le climat. Celles élevées avec des résidus d’aliments traités ont montré le même taux de conversion des poulets alors que celles nourries avec des résidus d’aliments non traités n’ont même pas survécu jusqu’à la moisson.

D’un point de vue individuel, la consommation d’insecte peut potentiellement représenter un risque. Très peu d’études existent sur les allergènes présents dans les insectes ainsi que sur les allergies croisées. Au niveau législatif, l’Europe ne s’est pas encore exprimé sur le sujet, même si une réglementation européenne sur le sujet est attendue pour 2016. En théorie, aucune espèce d’insecte destinée à être consommée n’est autorisé sur le territoire européen. Dans les faits, elles sont autorisées et des entreprises européennes produisent et vendent des « cakes aux vers à soie » et autres délicatesses.

Pour avoir vécu dans des pays où la consommation de plats d’insectes fait partie de la vie quotidienne et est même considérée comme gastronomique dans certains cas (les œufs de fourmis, appelés « escamoles » au Mexique, sont reconnus comme étant le « caviar mexicain » et un tel plat peut atteindre des sommes astronomiques), je pense que le dégoût devant la dégustation d’insectes vient plus d’un problème culturel que du goût des aliments. En France, nous mangeons de la viande de cheval ou de lapin, un concept absolument inimaginable en Allemagne ! Mon insecte préféré reste la sauterelle grillée et salée, disponible aussi bien dans les pays d’Amérique Latine qu’en Asie du Sud-Ouest : ne ratez pas cette dégustation lors de votre prochain voyage… au pire, cela vous ferra une photo de profile Facebook trop « stylée » !

Pour plus d’infos sur la consommation d’insectes, visitez ce site (en anglais) ou commandez dès maintenant votre prochain snack. Vous pouvez également contacter Nicomak pour plus de précisions sur des réponses sociétales innovantes face à des défis mondiaux.


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