PARIS, par Charles-Éric Perrin Gimet
Au théâtre Dejazet, mythique, la pression monte à l’approche du premier levé de rideau à Paris. Après avoir tournés en province pendant plus d’un an, la pièce et ses acteurs débarquent enfin au cœur de la capitale avec le plein de confiance.
« Enfer et contre tout »… Une fois passée l’impression d’un jeu de mot un peu raté, la pièce qui se joue donne un tout autre sentiment d’aboutissement. La mise en scène de Georges Beller, aussi acteur dans la pièce, est très bien rythmée.
Malgré quelques approximations dans les déplacements, pas toujours fluides, et des longueurs dans le texte, pas toujours chargé d’évidence, la pression parisienne semble plutôt bien leur réussir. Au même titre, l’idée de faire se jouer une pièce dans la pièce est originale et parfaitement amenée.
Nous avons rencontré, Benjamin Isel, l’un des trois auteurs de la pièce, et il nous confie avoir trouvé « délicat mais original de créer un autre monde qui viendrait se superposer à la vie réelle des personnages. La pièce ainsi pensée devait être non seulement concrète mais aussi suffisamment crédible ». De quoi s’intéresser de plus près à cette œuvre.
Malgré tout, n’ayons pas peur des mots, l’histoire n’a rien de révolutionnaire et fait appel à des références simples : Une apprentie actrice (interprétée par Séverine Ferrer) rêve de percer à Hollywood… et compte sur la nouvelle pièce « 100 % DRACULA » pour lancer sa carrière.
Son amant Pierre, alias George Beller, qui se fait passer pour un grand producteur lui donne le premier rôle. Mais Gilles (Stéphane Russel), l’auteur et metteur en scène de la pièce, vient leur annoncer une nouvelle qui risque de mettre ce projet en péril… De là, ils vont tout tenter pour que la première ait, malgré tout, lieu.
Les dialogues s’enchaînent et jouent d’un humour direct, cru usant d’expressions cinglantes avant de retrouver un peu plus de finesse et d’élégance. Une gymnastique de l’écriture que l’on doit très certainement aux six mains qui ont su rendre la pièce si vivante.
Aux côtés de Loïse de Jadaut et Georges Beller, Benjamin Isel à su « trouver (sa) place très rapidement. Georges avait été (son) professeur de théâtre et la rencontre avec Louise passée, tout s’est fait très rapidement. Les vannes se sont mises à fuser, on s’est fait beaucoup rire, et on a réussi à gardé le meilleur. ».
Côté comédiens, bien que certains aient l’habitude du petit écran plutôt que des planches (Séverine Ferrer en tête), tous se distinguent d’une manière claire et aucun ne semble prendre le pas sur l’autre.
On regrettera tout de même que le début de la pièce soit un peu long, faisant attendre, avec une hâte contenue, l’arrivée du troisième personnage, Gilles, qui va enfin mettre feu à l’histoire.
Selon Benjamin Isel « dans une histoire, les bases doivent être solides pour amener la folie que l’on voulait voir habiter le personnage de Gilles. » A juste titre, il précise que « c’est grâce aux informations de la première scène que le dramatique de la pièce fonctionne. En ce sens, la première scène ne peut être négligée ! ».
L’idée d’une « pièce dans la pièce » est intelligente et donne le ton de l’heure et demie qui suit.
Avec cette volonté des acteurs à faire de « la pièce » une réussite, la recherche de justesse et du bon rythme laisse malheureusement entrevoir trop facilement les ficelles de l’histoire.
Sans surprise donc, on se prend à en attendre encore plus. Mais bien malgré cela, et parce qu’on aime chercher aussi (et surtout) les faiblesses, on se réjouit avant tout autre chose des péripéties qui, peut-être d’avantage, nous amusent, au moins, sans défaut.
Au Théâtre Dejazet, du Mardi au Samedi à 21h et le Dimanche à 15h.
PUBLICITE___________________________________________________________