Extraits de « Le cahier. Le chant sémantique. Choix de textes 2004-2009″ Eric Dubois
Editions L’Harmattan, collection Accent tonique Poésie, 2015 .
UNE NUIT DE SENS
à perte de nu
vers l’infini définir
cet insaisissable
devenir
monte à cru
une nuit
de sens
pour quel tourment
s’assemble
au coin du temps
je navigue à vue
mon amour s’isole
dans la note sourde
la nuit à blanc
**
EAU VIVE
se souvenir
à l’imparfait
l’eau
qui serpente
oriflamme de nacre
dans l’épaisseur
vive s’ébat
dans les marnes
et les dépôts
un peu de bru/me
de brui/ne
couleur de lait
nourrice aux seins
solides et bolides
caresse les joncs
coule dans la gorge
l’orge et le jour
s’éteint
réceptacle
de la mémoire
parchemin
jamais ne meurt
le goût de
la promenade
**
DU FEU
on aime parfois allumer dans la nuit des feux protecteurs des pénates et des sentiers intimes
et laisser dériver ses pensées premières le long des voies sans balise
on aime creuser dans son lit les plumes et le coton de quelques blessures passées et dormir
dans le plaisir du plaisir
on aime vivre dans le vivier de quelques amis
et les écouter nous écouter des voix nues
on aime tout cela et plus encore et mieux on aime
particulièrement toucher l’âme
**
CHEMIN
en amont du siècle
par où passent les
loups
je creuserai
mon chemin
en balisant
de blancs
les mots
qui mènent
à la défaite
je louerai
l’eau et le sable
je soulèverai
le soleil
jusqu’à
plus soif
et bénirai
le cyprès et
l’ortie
en aval
j’ouvrirai
la perspective
et lorsque la
nuit viendra
j’allumerai
un feu
pour mes amis
**
SACREMENT
La nuit les rêves la brèche
Spasme
A la croisée des abîmes les semailles en friche
L’imminence
Je traverse les battements de ton cœur tes arcanes
enterre tes errances
Pensées mortes
Entrevoir une clairière après l’obscurité
Voir le ciel
Pensées mortes
Entrevoir une clairière après l’obscurité
Voir le ciel
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Extraits de « Mais qui lira le dernier poème ? Suivi de C’est encore l’hiver et Radiographie» Publie.Net Collection Publie Papier .
ANNEES
Il faut composer
des bruits s’en extraire
Chaque plan
chaque histoire
De la trousse
sortent les mots
Ecrire
c’est aussi inscrire
Sur les frontons des visages
l’écume du temps
Les panneaux indicateurs
dans quelle direction
Années
chiffres nombres pour quel résultat
Tarit le langage
au pied de l’arbre sentinelle
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ATTENDRE
Il faut attendre
prolonger
La présence
l’absence
La chair ouverte
fermée
Quand le ciel est
attendre quand même
Noir
que les jours aient un sens
Drapé dans un hiver
comment dire?
Opaque
quand on cherche la transparence
Oui
la transparence
Attendre
c’est notre part d’humanité
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DE L’INTERIEUR
Qui sent
dans l’avancée de la nuit
Les pensées
on touche à l’essence même de
L’hiver
de l’intérieur
Les heures volées
la nuit
Dans les couvertures
du temps
Qu’on veut comprendre
chaque regard
Quelques mots
dans le conflit
Étrange musique
air déjà entendu
Nécessité de parler
paradoxe
Affrontement
chacun à tour de rôle
Ses intérêts
dans le partage du sang
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QUARTIER
Un œil
qu’on ouvre
Le poids du temps
la bouche
Le bras qui
la rue est pleine
se tend
pleine de gens exilés
On dirait
s’accroche à vos chaussures
Une impression comme ça
des gens exilés
C’est ce que j’ai vu
la bouche
Qui demande
l’autre bras aussi
Des gestes
se tend
Qui emplissent l’espace
vision familière
D’un quartier tant de fois
il y a l’eau
Traversé
de la rivière
Les commerçants attentifs
sans vous en apercevoir
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Quelques pas
l’oubli
Chercher à dire
on attend
L’autre cherche aussi
c’est troublant
Marée qui monte
les mots
C’est si simple
comme la continuité des bras des mains
Le geste à la parole
le possible qui se fait jour
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Le site d’Eric Dubois
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Le Capital des Mots, sur lequel il publie nombre d’auteurs
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