L’inquiétante prolifération d’une drogue qui pousse au crime" /> L’inquiétante prolifération d’une drogue qui pousse au crime" border="0" title="MONDE / FAITS DIVERS > L’inquiétante prolifération d’une drogue qui pousse au crime" />
Matthew Kenney (gche) a été arrêté alors qu'il errait nu dans les rues de Miami I Photo ©DEA
Le fait divers avait choqué l’Amérique au mois de mai 2012. Rudy Eugène, 31 ans, déambulant entièrement nu dans les rues de Miami en Floride, avait attaqué un sans domicile fixe de 65 ans, avant de se mettre à lui dévorer le visage. Tué par la police, puis autopsié, l’agresseur présentait des traces d’une drogue encore inconnue alors, mais apparentée aux sels de bains. Trois ans plus tard, la dite substance porte désormais un nom : flakka (synonyme de "maigre"). Abordable ($5 la dose, soit 15 fois moins chère que la cocaïne), cette drogue synthétique présentée sous forme de cristaux, se répand dans les quartiers pauvres à une vitesse effrayante. Initialement présentée comme un stimulant, la flakka est principalement produite en Chine, puis achetée sur le web pour moins de $1 500 le kilo, avant d’être revendue par des dealers, en petites doses. Très puissant -son effet est immédiat après consommation- elle peut-être fumée, inhalée ou injectée. Sur le web, les vidéos mettant en scène ses consommateurs sont particulièrement inquiétantes. La substance provoque une accélération fulgurante du rythme cardiaque, ainsi qu’une agressivité et une paranoïa évoluant vers une psychose. Pire encore, la drogue engendre une insensibilité à la douleur et un décuplement des forces physiques, rendant quasiment impossible le contrôle de ses utilisateurs. Selon les experts de la police américaine des stupéfiants (DEA), la température du corps des utilisateurs peut grimper jusqu’à 40°C. "Ils ont alors la sensation d’avoir le corps en feu et se déshabillent totalement car ils ne supportent plus leurs vêtements". Agent spécial à Miami, Kevin Stanfill est confronté chaque jour aux effets de cette drogue, et reste choqué par les transformations qu’elle occasionne chez ses consommateurs. "La semaine passée, un homme nu est entré dans la maison d’une famille qui était en train de dîner. Il a tenté d’enlever le plus jeune des enfants et s’est ensuite jeté sur le chien qu’il a égorgé. Les drogués au flakka ne se contentent pas de planer, ils cherchent aussi à nuire, à faire du mal. Seule cette substance à de tels effets". Psychose, hallucinations, délires, hurlements, bave aux lèvres… Le consommateur sème la panique dans son entourage, au point d’être qualifié d'aliéné. En Floride, où la drogue est apparue, une quarantaine de décès liés à ses effets sont déplorés chaque année. Certains hôpitaux refusent même de traiter les drogués présentant les symptômes au flakka, tant leur comportement peut se révéler dangereux.Kevin Sanfill multiplie donc les avertissements à la population dans les quartiers les plus exposés, mais se montre préoccupé pour les forces de police. "Je suis également inquiet pour les patrouilles qui surveillent la ville. Lorsque l’une d’entre elles tombe sur un individu sous l’emprise au flakka, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Les consommateurs ont quasiment des pouvoirs surhumains et il faut plus de six officiers pour maîtriser un seul homme". Apparue depuis peu à Los Angeles, notamment dans le secteur de Skid Row, la drogue inquiète les travailleurs sociaux. Brad Lamm, spécialiste des addictions, révèle ainsi qu’il traite "une douzaine de cas par jour sur l’hypercentre de Los Angeles, alors qu’aucun cas d’intoxication au Flakka n’avait été constaté avant janvier de cette année". "Cette drogue ôte vos inhibitions et agit sur la dopamine et sérotonine, explique l'agent du DEA. "Vous avez alors la sensation de pouvoir faire n’importe quoi. Elle libère aussi vos instincts destructeurs et meurtriers". Au regard des autres drogues, les effets de cette nouvelle substance durent nettement plus longtemps. Elle se révèle également plus addictive, et indétectable dans les urines. Cette "transparence" a d’ailleurs causé la mort d’une femme de 82 ans, en juin dernier, dans la ville de Riviera Beach. Son petit-fils, drogué, avait été interpellé puis placé en garde à vue, avant d’être remis en liberté du fait de tests toxicologiques négatifs. De retour dans la maison qu’il partageait avec sa grand-mère, le jeune homme l’a alors sauvagement attaquée, au point de lui causer une trentaine de fractures. "Après son arrestation pour ce meurtre, il lui a fallu deux jours pour retrouver ses esprits. Il ne se souvenait de rien", raconte Kevin Stanfill. Les rapports de police révèlent la présence de flakka dans l’Illinois, le Missouri, le Minnesota, l’Ohio, le Texas, le Kentucky, la Californie, la Géorgie et la Floride, "où se situe l’épicentre même de l’épidémie"FG