“Des yeux dans la nuit” de Chevy Stevens, paru chez Pocket. Photo Monia Boubaker
Depuis le temps que je lis les avis très positifs sur les livres de cette auteure canadienne à travers de nombreux blogs de littérature, j’ai enfin pu découvrir sa plume avec « Des yeux dans la nuit ». Un titre qui m’a tout de suite tentée après lecture du résumé de quatrième de couverture !
Nadine Lavoie est psychiatre dans un hôpital de Vancouver, et voit arriver dans son service Heather, une jeune femme qui a tenté de se suicider après avoir fait une fausse couche, un cas plutôt ordinaire au sein de son service. Au cours de la première séance avec elle, Nadine apprend que Heather, et Daniel, son mari, appartenaient à un Centre spirituel, une communauté, dont ils sont partis tous les deux lorsque Heather est tombée enceinte, la jeune femme ne souhaitant pas accoucher là-bas. Heather lui fait part de sa peur grandissante pour ce Centre, et du harcèlement dont ils sont victimes depuis leur départ. Très rapidement, Nadine découvre que ce Centre spirituel se nomme la Rivière de Vie et est dirigé par un certain Aaron Quinn, qui s’avère être une personne qu’elle a connu par le passé. Sans avoir de souvenirs précis et sans vraiment pouvoir l’expliquer, Aaron Quinn inspire à Nadine peur et méfiance. Au fur à mesure des séances avec Heather, Nadine va voir ressurgir de douloureux souvenirs qui étaient jusque là enfouis au plus profond de sa mémoire. Que se passe t-il à la Rivière de Vie ? Qui est réellement Aaron Quinn ? Toutes ces questions s’ajoutent à la disparition de sa fille Lisa, qui reste introuvable…
J’ai beaucoup aimé ce livre que j’ai lu en un temps record, il faut bien le dire !
Les descriptions des lieux, des personnages, permettent d’entrer très rapidement dans l’histoire ; les indices, les fausses pistes, les doutes, sont semés tout au long du récit, ce qui m’a poussée à tourner les pages, encore et encore, avec un peu de difficulté à m’arrêter, je vous l’avoue !
Le récit est à la première personne du singulier, c’est donc Nadine qui raconte, tout en alternant avec des sauts dans le passé, qui permettent de comprendre petit à petit, et de découvrir certains éléments. La plume de l’auteure est très agréable, fluide, et les sous-chapitres assez courts donnent un rythme dynamique à ce polar.
À quelques reprises, j’ai pu apercevoir les ficelles, et dans quelle direction l’auteure souhaitait m’emmener, mais le tout est parfaitement structuré, bien écrit, et surtout, le suspens en est malgré tout resté grandissant, page après page. Je ne me suis pas ennuyée une seconde !
La partie intéressante de ce polar au delà de l’intrigue, a été pour moi le rapport au mécanisme très complexe de la mémoire, aux pertes de mémoire, aux souvenirs refoulés et aux éléments ou évènements déclencheurs qui permettent de les retrouver.
À travers « Des yeux dans la nuit », Chevy Stevens évoque aussi le danger des sectes, de certains centres ou communautés aux diverses appellations qui manipulent et utilisent la détresse et la culpabilité pour arriver à leurs fins, et dont les réelles motivations sont souvent très bien dissimulées. Des pratiques courantes qui ne sont à mon sens pas assez dénoncées.
(…)
– Jamais ils ne me retrouveront ici.
Elle avait prononcé la phrase machinalement, oubliant ma présence.
– De qui avez-vous peur Heather ?
– Ils n’arrêtent pas de nous harceler au téléphone. Je voudrais qu’ils nous fichent la paix.
Tout en parlant, elle s’arrachait les petites peaux autour des ongles.
– Quelqu’un vous ennuie ?
Son dossier ne faisait nulle mention d’ hallucinations ou de délire paranoïaque. On sait néanmoins que les dépressions graves sont parfois sources d’épisodes psychotiques.
Elle s’est de nouveau attaquée à son pansement avec les dents.
– Vous êtes en sécurité ici. Il y a des agents de surveillance à tous les étages, et vous êtes libre de refuser de voir qui vous voulez. Personne ne viendra vous importuner.
Je devais la rassurer afin qu’elle me révèle la nature du problème. Quand bien même il s’agirait d’une crise de paranoïa, elle avait besoin de se sentir sécurisée avant d’entamer son traitement.
– Je refuse d’y retourner.
Elle se parlait à elle-même, pour se donner du courage.
– Ils ne peuvent pas m’obliger.
– De qui parlez-vous ?
Elle a soulevé les paupières et m’a regardée d’un air inquiet. Elle venait brusquement de s’apercevoir qu’elle avait parlé à voix haute. Il émanait d’elle un sentiment de peur qui provoquait chez moi un malaise étrange. (…)
Pour finir, je dirais simplement que « Des yeux dans la nuit » est un très bon polar qui réserve de nombreux rebondissements, et il est certain qu’une fois que vous l’aurez commencé, vous aurez du mal à le lâcher !
Si vous ne connaissez pas encore Chevy Stevens, je vous invite vraiment à la découvrir, et si vous avez lu plusieurs de ses livres, lequel me conseilleriez-vous pour la suite ?
À propos de l’auteure : Chevy Stevens est une romancière canadienne. Elle a grandi dans un ranch sur l’île de Vancouver, en Colombie britannique. Sa carrière d’agent immobilier lui a inspiré son premier thriller, « Séquestrée ».