Spirale de la violence
Alors qu'aucune perspective de paix ne semble se dessiner, le Yemen se trouve entraîné dans une escalade de la violence dont les premières victimes sont encore et toujours les civils, pris en étau entre les combats, les raids aériens et les pénuries chroniques de nourriture et de carburant. Le blocus aérien, naval et terrestre continue à freiner l'approvisionnement du pays et aggrave encore une situation déjà critique.
« La seconde trêve a été violée au bout de quelques heures par toutes les parties au conflit et dans plusieurs régions du pays » confirme Arnaud Phipps, directeur des opérations d'Action contre la Faim au Yemen. Malgré l'appel du conseil de sécurité de l'ONU à respecter la pause humanitaire et éviter l'escalade en cas de violations, les rebelles houthis comme les forces de la coalition ont donc continué à se battre. Avec pour conséquence directe l'impossibilité d'acheminer l'aide humanitaire d'urgence aux populations qui en ont besoin.
Un accès d'urgence aux populations
« La situation humanitaire continue à se dégrader de jour en jour, sans que les ONG puissent avoir accès aux zones affectées où les besoins sont immenses » continue Arnaud Phipps. A Aden, les routes de la ville et celles menant aux gouvernorats voisins sont bloquées par les rebelles houthis. Les équipes d'ACF ont dernièrement tenté de déplacer une partie de leurs stocks d'Aden vers Lahj, où les traitements pour la malnutrition aigüe sont interrompus depuis un mois, faute d'approvisionnement. Une demande refusée par les belligérants, avec des conséquences potentiellement mortelles pour les 70 enfants en état de malnutrition aigüe sévère qui étaient en cours de traitement.
Levée du blocus et respect du Droit International Humanitaire
Au-delà de l'accès extrêmement limité aux populations, le mépris flagrant de toutes les parties au conflit pour le Droit International Humanitaire et les droits humains empêche les organisations de travailler. Le 13 juillet dernier, des combattants armés ont fait intrusion dans l'un des centres d'Action contre la Faim, situé dans le sud du gouvernorat d'Hodeida. Les hommes armés ont vérifié la nourriture, les médicaments et le matériel humanitaire distribués par les équipes, ainsi que l'identité de chacun. Une menace réelle et directe pour la sécurité des travailleurs humanitaires et des bénéficiaires présents à ce moment-là.
Arrêt des ventes d'armes à la coalition
Le 9 juillet dernier, le Parlement Européen adoptait la résolution 2015/2760 condamnant les violences, les bombardements ainsi que le blocus qui ont entraîné des milliers de morts et le déplacement de plus d’1,2 million de personnes sur le territoire. Il appelle toutes les parties à respecter le Droit International Humanitaire et les droits humains, assurer la protection des civils et éviter de cibler les infrastructures civiles, en particulier les structures médicales et les systèmes d'eau. Cette résolution du Parlement Européen associée à la position de l'Union Européenne sur le contrôle des exportations de technologie et d’équipements militaires confirment définitivement l'impossibilité, l'illégalité et l'irresponsabilité de continuer à soutenir et à vendre des armes à la coalition menée par l'Arabie Saoudite, comme le fait la France depuis le début du conflit. La position de l'Union Européenne indique très clairement qu’il ne peut pas y avoir d’exportations de ce type vers des pays violant les droits humains.
Action contre la Faim demande à nouveau à toutes les parties au conflit de faciliter l'accès humanitaire aux populations vulnérables qui nécessitent une aide d'urgence, ainsi que le respect du Droit International Humanitaire et des droits humains. L'accès humanitaire doit être assuré dans tout le pays, et particulièrement dans la ville d'Aden qui vient d'être reprise par la coalition et où la situation est particulièrement dramatique étant donné l'ampleur et la violence des combats qui y ont eu lieu. ACF a des stocks humanitaires positionnés dans la ville d'Aden et des distributions de nourriture et de produits d’hygiène doivent y être faites très rapidement.
Porte-parole disponible pour interview à Paris et au Yemen
Contact presse: Agnes VARRAINE-LECA – avarraineleca@actioncontrelafaim.org
01 70 84 72 22 / 06 70 01 58 43