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Les premières actions des agriculteurs ont commencé dès dimanche à Caen I ©AFP CHARLY TRIBALLEAU
Ce matin, les éleveurs exigent une visite du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, avant de lever les blocages, selon le président de la FDSEA du Calvados, Jean-Yves Heurtin. "Nous avons environ 25 tracteurs à chacun des points de blocage", a déclaré le président. "Il faut que Stéphane Le Foll vienne traîner ses bottes dans les exploitations agricoles (...) et fasse respecter les accords du 17 juin" avec la grande distribution. Une réunion de la filière -éleveurs, industriels abatteurs/transformateurs et distributeurs- s’était conclue ce jour là sur l’engagement à revaloriser les prix d’achats de la viande bovine de 5 centimes par semaine. "Les gens sont très remontés, il n’est pas question que nous bougions". Selon Jean-Yves Heurtin, les quatre principaux accès au périphérique de Caen sont bloqués, en direction de Rennes, Paris, Cherbourg et Falaise. Le syndicaliste a précisé que les véhicules étaient redirigés vers le centre-ville, qui pourrait "se retrouver rapidement engorgé". A l’embranchement de l’A84, en direction de Rennes, la mise en place d’un barrage par une vingtaine de tracteurs est effective depuis 6h15, ce matin. Ce barrage n’est pas filtrant, aucun véhicule ne passe. Un premier poids lourd, originaire de Bosnie, s’est ainsi retrouvé coincé dans la bretelle de sortie, avant que d’autres camions ne viennent rapidement constituer un bouchon derrière lui. Ces actions ont commencé dimanche après-midi avec des déversements de gravats et de déchets devant des abattoirs et des grandes surfaces. Une agence du Crédit agricole à Bretteville-sur-Odon, dans la banlieue de Caen, a elle aussi été prise pour cible durant la nuit. Selon Jean-Yves Heurtin, entre 20 et 30 points ont été pris pour cible, les tracteurs déchargent leur benne devant les accès. "La grande distribution a eu sa part, ainsi que les intermédiaires et les fournisseurs de la restauration, qui s’approvisionnent encore en matière étrangère".
De son côté, la grande distribution dit avoir respecté ses engagements sur le prix de la viande, affirme le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, Jacques Creyssel, qui a déploré que, "visiblement", cet argent n’aille "pas dans la poche des éleveurs". "Je crois que l’élevage est dans une crise forte (...) et on partage cette détresse", a déclaré le délégué général sur Itélé, tout en commentant les images d’éleveurs en colère. "Nous avons accepté d’augmenter les prix d’achat de manière importante (...). La seule chose, c’est que visiblement cet argent ne va pas dans la poche des éleveurs". Selon le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, à peine 7 centimes ont été gagnés en un mois. Selon lui, la grande distribution réalise "une marge négative de 1,5% sur la viande fraîche" et "99% de la viande" vendue en supermarchés et hypermarchés est d’origine française. "Si c’était le cas dans les cantines et dans la restauration ça marcherait mieux". Les agriculteurs, qui protestent dans toute la France depuis plusieurs semaines, estiment que les trop faibles prix de la viande (porc et bœuf) ne leur permettent pas de couvrir leurs coûts de production. Stéphane Le Foll propose de recevoir les éleveurs normands jeudi, après un rapport sur les prix.FG