Ces scientifiques canadiens viennent de faire une découverte qui peut contribuer à expliquer comment le VIH échappe aux réponses antivirales de l’organisme. Cette percée scientifique, présentée dans la revue PLoS Pathogens et qui sera présenté lors de conférence de l’IAS 2015 à Vancouver, révèle un des secrets de la persistance du virus et ouvre la voie à de toutes nouvelles stratégies de prévention et de traitement.
Cette découverte de l’équipe de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, dirigée par le Dr Eric A. Cohen, virologue moléculaire montre comment une protéine du VIH nommée Vpu trompe le système immunitaire en utilisant son propre processus de réglementation pour se soustraire à la première ligne de défense de l’hôte. Dans ce processus, un groupe de protéines appelées collectivement interférons de type 1, qui constituent la première ligne de défense du système immunitaire contre les infections virales. Ces protéines sont connues pour leur rôle bénéfique dans les premiers stades de l’infection mais le problème…explique l’auteur, est que le VIH est parvenu à développer des mécanismes pour réprimer cette réponse des interférons…
Ces cellules immunitaires pDCs qui produisent les interférons : Jusqu’à présent, on en savait peu sur ces mécanismes de répression des interférons. La plupart de l’interféron est produit par une très petite population de cellules immunitaires appelées pDC (cellules dendritiques plasmacytoïdes), chargées de développer une défense immédiate contre les infections. Les pDC patrouillent le corps pour détecter les envahisseurs et, quand elles reconnaissent la présence d’un pathogène, elles sécrètent l’interféron. L’interféron déclenche alors un large éventail de mécanismes de défense dans les cellules voisines, créant un état antiviral qui empêche la diffusion et, finalement, l’expansion du virus.
Et quand pDCs rencontre VIH ? Quand les cellules immunitaires pDCs rencontrent les cellules infectées par le VIH, la production de l’interféron est réglementée par une protéine située à la surface de la cellule infectée appelée » BST2″, qui se lie et active un récepteur appelé ILT7 qui se trouve sur la surface de pDC, laquelle, à son tour, envoie un signal qui supprime la production de l’interféron et arrête les fonctions défensives. Mais, curieusement, BST2 restreint aussi la production de VIH en piégeant le virus à la surface de la cellule qu’il sorte des cellules infectées et l’empêche ainsi de se diffuser. Cependant, en fin de compte, c’est le virus VIH qui utilise la protéine Vpu pour contrer l’activité antivirale de BST2.
2 nouvelles cibles prometteuses : Le VIH exploite ainsi le processus existant entre BST2 et ILT7 pour limiter la réponse antivirale de l’organisme, ce qui permet au virus de se propager et à la persistance de l’infection. Ces résultats apportent ainsi de nouvelles clés pour booster les réponses antivirales durant les premiers stades de l’infection. En bloquant l’action de Vpu, par exemple, ou en facilitant le travail des pDCs. 2 nouvelles cibles donc, prometteuses, pour de nouvelles stratégies thérapeutiques. Et, comme concluent les auteurs, c’est une lacune importante dans compréhension de » l’installation » du virus, qui vient d’être comblée.
Rappelons cette étude récemment publiée dans les PNAS, qui dévoilait le rôle clé de 2 protéines, Nef et Vpu, de gardes du corps du virus et ouvrait déjà une fenêtre pour s’attaquer aux réservoirs du virus.
Source: PLOS Pathogens July 14, 2015 DOI: 10.1371/journal.ppat.1005024 Vpu Exploits the Cross-Talk between BST2 and the ILT7 Receptor to Suppress Anti-HIV-1 Responses by Plasmacytoid Dendritic Cells