Je croyais en avoir fini avec Kerr et son atypique héros, mais c’était sans compter sur l’addiction encouragée par la disponibilité de la drogue, car en rangeant Vert-de-gris dans la bibliothèque de mon mari, je suis tombée sur Hôtel Adlon. Et c’était reparti par une lecture goulue du énième roman mettant en scène Bernie Gunther.
Cet épisod
Vingt ans plus tard, Gunther réfugié à Cuba, y retrouve la femme aimée et, rien n’étant parfait, le gangster en question. Finies les quelques années de relative tranquillité (et d’ennui). Il y fera le dur constat qu’il est toujours pris dans une toile d’araignée qui contrecarre ses tentatives de se refaire une vie « normale ».
Comme les autres tomes de la série, l’énigme de Hôtel Adlon est brillamment machinée avec un étonnant dénouement à la clef. Le cynique narrateur enchaîne les réparties vitrioliques et les descriptions colorées et sarcastiques pour notre plus grand plaisir, ménageant ainsi nos nerfs mis à rude épreuve par la tension continue du récit.
« L’homme ayant prononcé ces mots avait la tête du Golem de Prague et un corps en forme de tonneau qui aurait été plus à sa place sur la charrette d’un brasseur de bière. Vêtu d’un manteau court en cuir et d’une casquette dont la visière lui sortait tout droit du front. Des oreilles d’éléphant d’Asie, une moustache pareille à une balayette de W.-C. et plus de menton qu’une pagode chinoise. »
On imagine facilement Kerr, devant son écran d’ordi, rigolant tout en décrivant ses personnages.
Philip Kerr, Hôtel Adlon, Livre de poche, 2009,668 pages