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Kerr : La rechute

Par Carmenrob

Je croyais en avoir fini avec Kerr et son atypique héros, mais c’était sans compter sur l’addiction encouragée par la disponibilité de la drogue, car en rangeant Vert-de-gris dans la bibliothèque de mon mari, je suis tombée sur Hôtel Adlon. Et c’était reparti par une lecture goulue du énième roman mettant en scène Bernie Gunther.

Cet épisod

adlon
e commence en 1934, à l’hôtel Adlon de Berlin pour trouver sa conclusion 20 ans plus tard, dans un autre hôtel, le Saratoga de La Havane. Devant la montée du nazisme, Gunther préfère donner sa démission de la Kripo avant d’être viré en raison de ses convictions politiques. Il se recycle donc en détective de service à l’hôtel Adlon, établissement luxueux de Berlin. L’emploi ne constituera pas longtemps la sinécure qu’il avait imaginé. Il tombera en amour d’une Américaine juive venue enquêter sur la situation des Juifs dans l’Allemagne nazie avec l’objectif de provoquer le boycottage par les États-Unis des Jeux olympiques de 1936 à Berlin. Prêtant main-forte à l’audacieuse journaliste, Gunther cherchera à élucider plusieurs meurtres qui le mettront sur la piste d’un complexe trafic d’influence lié aux chantiers des installations olympiques, impliquant de hauts gradés de l’Armée allemande et un homme d’affaires américano-allemand, digne représentant de la mafia américaine. Le gangster viendra bien près de tuer notre fouineur qui ne devra sa survie qu’à sa connaissance de certains faits concernant le lascar, lesquels pourraient envoyer le voyou en taule

Vingt ans plus tard, Gunther réfugié à Cuba, y retrouve la femme aimée et, rien n’étant parfait, le gangster en question. Finies les quelques années de relative tranquillité (et d’ennui). Il y fera le dur constat qu’il est toujours pris dans une toile d’araignée qui contrecarre ses tentatives de se refaire une vie « normale ».

Comme les autres tomes de la série, l’énigme de Hôtel Adlon est brillamment machinée avec un étonnant dénouement à la clef. Le cynique narrateur enchaîne les réparties vitrioliques et les descriptions colorées et sarcastiques pour notre plus grand plaisir, ménageant ainsi nos nerfs mis à rude épreuve par la tension continue du récit.

« L’homme ayant prononcé ces mots avait la tête du Golem de Prague et un corps en forme de tonneau qui aurait été plus à sa place sur la charrette d’un brasseur de bière. Vêtu d’un manteau court en cuir et d’une casquette dont la visière lui sortait tout droit du front. Des oreilles d’éléphant d’Asie, une moustache pareille à une balayette de W.-C. et plus de menton qu’une pagode chinoise. »

On imagine facilement Kerr, devant son écran d’ordi, rigolant tout en décrivant ses personnages.

Philip Kerr, Hôtel Adlon, Livre de poche, 2009,668 pages


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