Bilal « In Another Life » @@@@
Sagittarius Laisser un commentaireLe chanteur Bilal n’en finit plus d’explorer les frontières de la Nusoul depuis Airtight’s Revenge en 2009. Son expérience en la matière parle d’elle-même puisqu’après avoir défraîchi le genre au début des années 2000 par le biais mouvement Soulquarian (avec The Roots, Common, Erykah Badu…), il a récemment été sollicité par Kendrick Lamar pour mettre son input sur le désormais chef d’oeuvre To Pimp a Butterly. Pour son cinquième opus In Another Life, Bilal a choisi de se remettre aux mains expertes d’Adrian Younge, producteur et musicien qui a le vent en poupe depuis ses travaux remarqués avec Ghostface Killah (12 Reasons to Die I et II) et Souls of Mischief.
C’est ainsi la première fois qu’Adrian Younge s’attelle à la réalisation d’un album soul ‘neuf’. Le mélange entre sa musique vintage aspect vieux meuble verni et celle expérimentale de Bilal ne peut engendrer que quelque chose de forcément intéressant, une sorte de nusoul analogique, presqu’un oxymoron. Cela se vérifie sur les premiers titres dont « Sirens II« , qui réinterprète l’instrumental de « Picasso Baby » de Jay-Z et Timbaland, et « Star Now » avec les orgues et les batteries typiques d’Adrian Younge. Au diable la technologie moderne ! In Another World est pourtant plus varié qu’il n’y paraît en théorie, avec des influences bossa nova sur « Open Your Doors » parfait pour l’été et rock sur le refrain « Lunatic« . Adrian se permet cependant une entorse sur « Pleasure Toy » (avec la participation louable de Big K.R.I.T.) en utilisant une boîte à rythme mais là aussi cela reste old school. Kendrick Lamar renvoie l’ascenseur sur « Money Over Love« .
In Another Life prend son sens quand on observe cette soul anachronique comme si elle était née dans un monde parallèle durant les années 60-70. Au delà du fait qu’Adrian soit peu enclin à renouveler ses instrumentations (ce qui se confirme également sur Twelve Reasons to Die II dont je parlerai très prochainement), des chansons comme « I Really Don’t Care« , « Holding It Back » et « Bury Me Next To You » sont remarquables dans leur singularité. Peut-être aussi « Love Child » avec cet air de flûte, d’aspect ancien évidemment mais sans un grain de poussière. Dans cette autre vie, Bilal est un homme libre dans plusieurs sens du terme avec des textes plus osés qu’à l’accoutumée. Ses montées dans les aigües sont toujours aussi impressionnantes. Achat vinyle conseillé.