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#Snapchat addict

Publié le 19 juillet 2015 par Mentre

Snapchat l’application de messagerie fétiche des Millenials investit de plus en plus dans l’information, ce qui en fera dans un avenir très proche un canal important de production et de diffusion. En parallèle, la start-up née en 2011, cherche à valoriser ses contenus et à trouver un modèle économique.snapchat

Dans le domaine de l’information, Snapchat a mis trois fers au feu : les stories, les lives et Discover.

  1. Les stories sont —à l’échelle de Snapchat— une veille histoire, puisqu’elles ont été créées en octobre 2013. Le principe consiste à combiner plusieurs snaps ensemble pour créer un récit, avec cette modification importante: les stories ne sont pas éphémères; elles sont visibles 24 heures, et à la différence des snaps peuvent être vues plusieurs fois pendant cette période.
  2. Les live stories, ont été lancées un an plus tard, en août 2014. D’abord réservées à une audience locale, elles sont maintenant visibles plus largement. Là aussi, ce sont des snaps géolocalisés, qui sont collés ensembles pour faire un récit. Les contributeurs se voient proposer de participer à ces live stories. Cette sélection est faites par une équipe de curation d’une quarantaine de personnes, dirigée par un ancien de CNN, Peter Hamby – @PeterHamby – , un journaliste politique. En effet, Snapchat entend bien couvrir à sa manière les élections présidentielles américaines de 2016. Ces lives ont également une durée de vie de 24 heures.
  3. Discover. Introduit fin janvier 2015, cette innovation est le fruit d’une collaboration entre Snapchat et une poignée de médias « world-class leaders« . On y retrouve, pêle-mêle CNN, Vice, Cosmopolitan, Yahoo!, National Geographic… et Snapchat. Les contenus, et les formats sont aussi divers que les médias concernés, mais les uns comme les autres sont particulièrement soignés alors que la durée de vie de chaque édition n’est que de 24 heures (visibles plusieurs fois pendant ce laps de temps). Évolution récente dans un espace où la place est comptée [l’app n’a que trois écrans], Discover est maintenant accessible, tout comme les lives, à partir du 2e écran sous forme d’un bandeau déroulant. Pour l’instant, il reste installé aussi sur le 3e.

Tout cela est donc très neuf, mais outre les médias partenaires de Discover, d’autres se sont lancés dans une série d’expérimentations à l’instar du Washington Post. Il est vrai que Snapchat est utilisé par un public jeune (70% des utilisateurs ont moins de 25 ans) et nombreux. L’application compte 100 millions d’utilisateurs et sa marge de progression est énorme.

L’un des premiers reportages [que j’ai repéré et visible sur Youtube] a été réalisé par Kevin Sieff, lors des élections nigérianes. On y sent encore les tâtonnements de l’expérimentation, Kevin Sieff ayant choisi la photo comme mode d’expression et le texte se résumant à quelques mots lapidaires par photo, faute de place.

Mais l’évolution est rapide. Un autre journaliste Dan Balz, du même journal, a décidé de se lancer à son tour dans le « live snapchatreportage« , mais en vidéo. Le résultat peut sembler au premier abord déroutant. Son reportage est impressionniste avec un montage nerveux bien dans l’esprit de Snapchat: collage de scènes de rue et de meetings, de très courtes interviews (plutôt des déclarations), chaque séquence étant taguée d’un court texte, qui se veut le titre. À suivre donc, et pour cela il suffit de s’abonner à son compte Snapchat: djbdca . Une capture d’écran permet d’en restituer l’esprit.

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Captures d’écran de la live Story de Dan Balz – djbdca – du 18 juillet 2015 sur Snapchat.

Les live stories produites par Snapchat sont tout aussi intéressantes Elles permettent de « rentrer » dans l’histoire par une multiplicité de portes d’entrée. La story est portée par le fait que ce sont les acteurs qui filment, ce qui donne une impression de spontanéité et de fraîcheur. À rebours, ces lives sont extrêmement consensuels, et ressemblent souvent à de gentils clips de communication. Ce sont sans doute les limites —actuelles— du genre.

Voici par exemple, ci-dessous, une story qui est curation de snaps tournés à La Mecque pendant le Ramadan de 2015

Snapchat se lance dans l’information pour conforter son modèle économique, en jouant sur plusieurs leviers :

  • le premier est de diffuser directement des publicités dans les Live stories, en utilisant les possibilités de géolocalisation que possède l’app. Par exemple, Snapchat a créé une live story sur la campagne électorale présidentielle américaine [nous pouvons pas la voir en France, elle est diffusée uniquement aux États-Unis], à l’intérieur de laquelle elle a diffusé des publicités de dix secondes réalisées par les équipes des candidats. Celles-ci n’ont été diffusées que dans les quatre États où se tiennent les primaires [Iowa, New Hampshire, Nevada et la Caroline du Sud]. Comme l’explique le Washington Post, elle procurent une sensation d’intimité que n’ont pas les habituelles lourdes productions télé. [exemples ici]
  • Le deuxième est de sponsoriser des live stories, comme l’a fait Activision pour promouvoir son jeu Call of Duty.
  • Discover est le troisième levier. Ici, les tarifs ne sont pas donnés, puisque Snapchat charge 2 cents par vue (soit 20$ par millier de vues -18,5€), selon Re/code, sachant qu’une story peut générer 20 millions de vues.
  • Dernier levier encore en devenir, Truffle Pig, une agence de contenu créée conjointement par Snapchat, le Daily Mail et WPP, la plus grande agence de publicité du monde.

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