Quarante-trois civils ont été tués dimanche dans des bombardements
attribués aux rebelles chiites Houthis à Aden, où ils continuent de
tenir tête aux forces du gouvernement en exil qui a pourtant déclaré la
"libération" de la grande ville du sud du Yémen.
Ces
bombardements interviennent alors que les forces pro-gouvernementales
sont à l'offensive pour sécuriser Aden, et ont progressé vers le siège
de la présidence, selon des sources militaires. Ils interviennent aussi
alors qu'une délégation du gouvernement en exil se trouve depuis
vendredi dans la cité portuaire.
Les roquettes de type Katioucha
et les obus de mortier tirés sur Dar Saad, quartier du nord d'Aden, ont
également fait 112 blessés parmi les civils, a indiqué le responsable
des services de santé de la ville Al-Khadr Lassouer.
"Bombarder des
zones résidentielles du quartier de Dar Saad est un acte suicidaire de
la part des Houthis", a déclaré le gouverneur d'Aden par intérim, Nayef
al-Bakri, à des journalistes.
"Ni vivres, ni eau"
La délégation du gouvernement exilé en Arabie saoudite, incluant les
ministres de l'Intérieur et des Transports a tenu samedi une première
réunion avec les autorités locales d'Aden pour examiner "les moyens de
sécuriser" la ville, selon l'agence officielle Saba.
La remise en
état de l'aéroport et du port pour y acheminer de l'aide humanitaire et
le rétablissement du courant électrique et des réseaux de distribution
d'eau potable ont été au centre de la réunion.
Le retour de
membres du gouvernement suscite l'espoir d'une normalisation. Des
centaines de familles déplacées par la guerre ont ainsi pu regagner
leurs quartiers, mais pour se rendre compte des dégâts provoqués dans
leurs maisons par les violents combats, selon des habitants.
Certains
ne cachent pas leur déception: "Rien n'a changé, il n'y a ni vivres, ni
hôpitaux, ni électricité, ni eau. Sans les deux puits du quartier, les
gens seraient morts de soif", déplore Moatez al-Maysouri, un habitant du
quartier Crater.
Le conflit qui oppose depuis quatre mois les
forces gouvernementales et leurs alliés, soutenus par une coalition
arabe menée par Riyad, aux rebelles chiites Houthis appuyés par des
soldats restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, a eu en
quatre mois des conséquences humanitaires désastreuses.
Une trêve
humanitaire, annoncée par l'ONU pour le 10 juillet, n'a jamais pu se
concrétiser avec la poursuite du conflit armé, qui a fait plus de 3.200
morts, dont la moitié de civils selon l'organisation internationale.
Le
porte-parole des Houthis, Mohamed Abdessalam, a estimé dans un
communiqué que l'ONU était "consciemment ou inconsciemment" responsable
de la poursuite du conflit pour n'avoir pas imposé le respect de la
trêve.
Raids et combats au sol
Les Houthis, aidés d'unités de l'armée fidèle à l'ex-président Ali
Abdallah Saleh, ont lancé en juillet 2014 une offensive d'envergure qui
leur a permis de prendre de vastes régions dont la capitale Sanaa, et la
cité portuaire d'Aden, poussant fin mars le président Hadi à l'exil en
Arabie saoudite.
Mardi, pour la première fois depuis l'entrée fin
mars des rebelles dans Aden, les forces pro-gouvernementales ont lancé
une offensive dans la cité portuaire. Et dimanche, "la Résistance
populaire (pro-gouvernementale) a réussi à pénétrer dans (le quartier
de) Tawahi et à avancer vers le palais de la République et le QG de la
4e division militaire", a déclaré à l'AFP une source militaire.
Les
combattants au sol bénéficient de l'appui aérien de la coalition arabe,
qui a mené depuis samedi soir une quinzaine de raids contre des
positions rebelles à Tawahi ainsi que dans les banlieues nord et est
d'Aden, selon une autre source militaire.
Les avions de la
coalition conduite par l'Arabie Saoudite ont touché un dépôt de
munitions de la rébellion, provoquant pendant deux heures de fortes
explosions à Al-Ribat, à l'entrée nord la ville, ont rapporté des
témoins.
A Taëz, ville de l'ouest, les sapeurs pompiers sont venus à
bout d'un énorme incendie dans des dépôts de carburant provoqué, selon
l'agence Saba, par des tirs de rebelles.
Un incendie qui s'était
déclaré jeudi dans la raffinerie de pétrole d'Aden, a été maîtrisé
samedi, a indiqué un porte-parole de la raffinerie, Nasser al-Chaëf.
Source : Lorientlejour