Killjoys est une nouvelle série de 10 épisodes diffusée depuis la mi-juin sur les ondes de Space au Canada et SyFy aux États-Unis. Dans un futur plus ou moins défini, Dutch (Hannah John-Kamen), John (Aaron Ashmore) et son frère D’avin (Luke Macfarlane) sont des chasseurs de prime appartenant à la brigade Killjoys au sein du système interplanétaire « Quad » et de semaine en semaine, ils sont recrutés pour diverses missions, qu’il s’agisse de capturer des criminels, de retrouver des otages, etc. Et alors qu’une guerre des classes au sein de ce fragile système est sur le point d’éclater, l’équipe fait tout en son pouvoir pour rester neutre. Coproduction canado-américaine, Killjoys part d’une prémisse intéressante, mais lâche du lest en cours de route si bien que le résultat est un peu trop brouillon. Point de repères, équipe plus ou moins soudée, mise en scène à la MTV, on peut tout au plus se réjouir du retour de Luke Macfarlane au petit écran. Fait inusité : il n’interprète pas un homosexuel! (sarcasme)
« L’espace cool »
Au départ, Dutch et John sont les deux seuls à travailler pour Killjoys. D’avin pour sa part est un ancien militaire qui n’a pas vu son frère depuis huit ans. C’est désormais un esclave qui gagne sa pitance en se battant sur le ring, mais un mandat d’arrêt vient tout juste d’être porté contre lui et il doit faire face à la peine de mort. John le sauve in extremis de cette situation et le trio est sommé de retrouver un prêtre qui a volé une puce électronique ayant appartenu à une puissante compagnie. Celle-ci a le bras assez long pour user de son influence et ainsi commuer la peine de l’ex-militaire. Dans le second épisode, l’équipe se rend à Sugar Point, une zone délabrée contrôlée par un petit groupe de pilleurs qui ont kidnappé la fille d’un maire, lequel est le client de Killjoys. Dans l’épisode suivant, D’avin, qui souffre de chocs post-traumatiques doit faire de son mieux pour passer son test d’évaluation psychiatrique s’il veut officiellement rejoindre Killjoys alors que sur les entrefaites, une amie de John lui demande de retrouver son mari porté disparu alors qu’il travaillait dans une riche plantation.
L’avantage avec Killjoys est qu’on nous amène dans plusieurs lieux exotiques (apparemment, différentes planètes) où l’on a différentes cultures et systèmes de classe, nous rappelant diverses époques comme les champs de plantation du sud des États-Unis du XIXe siècle ou encore le Japon des samouraïs. Avec un peu plus de budget et une touche à la Tim Burton, le résultat serait encore plus épatant.
Mention spéciale aussi au personnage de Dutch, la seule fille du groupe et aussi la leader. C’est la moins émotive et elle prend part à toutes les missions, aussi bien physiques que psychologiques, ce qui est rare dans les sciences-fictions ou le genre d’action dans lesquels on attribue toujours les meilleurs rôles aux hommes. Ce qui est maladroit par contre c’est que durant les trois premiers épisodes, jamais Dutch, John et D’avin ne prennent part à la même mission si bien qu’on ne sent pas le groupe assez soudé pour le moment.
En science-fiction, on privilégie presque tout le temps une trame narrative à long terme, échelonnant ainsi une seule quête sur plusieurs épisodes, voire toute une série. On peut saluer Killjoys de sortir du moule, mais ce qu’elle nous propose n’est qu’un « prodécural spatial », pas très différent de ce qu’on voit beaucoup (trop) à la télévision. Par exemple, les protagonistes vont toujours boire un verre après le travail et mis à part leur vaisseau et les armes qu’ils utilisent, on ne joue pas assez la carte du futur. Dans la mise en scène, c’est le même problème. Excès de l’effet ralenti et de musiques très très contemporaines; on a droit à des « vidéoclips » parfois très longs (la scène de combat entre D’avin et John dans le premier épisode dure au moins dix minutes) qui viennent étirer la sauce inutilement. En usant trop de ces distractions, la trame narrative en prend un coup si bien qu’on peine encore à comprendre les enjeux entourant cette supposée guerre des classes qui s’entame de même que ses tenants et aboutissants sensés retenir le téléspectateur en haleine.
Luke Macfarlane
L’acteur est devant les caméras depuis au moins 2004, mais c’est son rôle de Scotty Wandell dans Brothers & Sisters (2006-2011) qui l’a propulsé pour ainsi dire au rang de star. Il y jouait un personnage homosexuel et lui-même est sorti du placard en 2008. On ne sait si c’est directement lié, mais après la fin de la fiction sur ABC, ce ne sont que quelques petits rôles ici et là qu’il a décrochés et trois ans plus tard, on le revoit enfin dans une plus grosse production : The Night Shift à NBC où il y incarne le capitaine Drew Lincoln… homosexuel lui aussi. Ce genre de « ségrégation » est fréquente du côté des acteurs qui sont sortis du placard, ce qui est lassant à la longue si bien qu’on en vient à être fier qu’il interprète un hétérosexuel dans Killjoys!
Le premier épisode de la série a attiré sur SyFy 0,97 million de téléspectateurs pour son premier épisode, 1,03 pour le second et 0,92 pour le troisième. L’audience est donc déjà stable, mais c’est son taux d’environ 0,22 point chez les 18-49 ans qui demeure inquiétant. Déjà avec un lead in à peine correct engendré par l’autre nouveauté de la chaîne Dark Matter, les espoirs de retour ne sont pas immenses.