La bouteille de Coca-Cola
Je reçois un mail indigné : une bouteille de Coca-Cola (entamée) a disparu du frigidaire. Je partage l’indignation de la victime même si la consommation de ce type de boisson me révolte davantage que l’ignoble délit.
Je suis pourtant heureux de savoir que les victimes protestent encore, que dans ce monde résigné, il reste des revendications à défendre et que l’indispensable valeur de la propriété se perpétue surtout à propos d’une bouteille de Coca-Cola.
Mais ce qui me réjouit encore davantage, c’est que grâce à la touche « répondre à tous », je suis informé de ces crimes qui autrement resteraient honteusement méconnus. D’autant qu’ainsi, j’accède aux légitimes indignations des victimes que je peux ainsi partager. Un seul regret cependant, je ne sais si la bouteille de Coca-Cola est revenue dans le réfrigérateur comme l’exigeait sa légitime propriétaire.
Ce crime a été commis dans un laboratoire du CNRS, il y a quelques jours (avec ces chaleurs). Merci encore de me permettre d’accéder à « la science en train de se faire », de participer, même de loin, aux recherches collectives (à tous les sens du terme).
Mais peut-être était-ce une plaisanterie même si je n’y ai pensé qu’après coup, en rédigeant cette chronique. Le ton pourrait-il mentir comme ne cessent de le rabâcher ces tenants de l’ethnopragmatique qui feraient mieux de s’occuper de la réalité, l’insupportable vol de la bouteille entamée de Coca-Cola ?
Bernard Traimond