… tout montre que Denny Imbroisi est un chef de son temps …
Credere. Le mot italien est accroché en néon, bien visible, sur un des murs du petit restaurant du chef Denny Imbroisi. Croire… en son avenir, en son destin, en son talent et il a bien raison. Croire est une force et une exigence. Denny Imbroisi a les deux.
Pourtant son petit restaurant, dont le nom est le prénom de sa sœur, qu’il vient d’ouvrir il y a quelques semaines, ne paye pas de mine, vu de l’extérieur. Propre, net, presque dénudé, l’intérieur ne s’embarrasse pas des codes de décoration italienne obligatoire pour certains de ses confrères. Seule la musique de vieux classiques de la chanson italienne distillée par un vieil ampli Marshall rappelle les origines du chef et le style des assiettes qui nous attendent.
Avant de se retrouver chez lui, il a participé à Top Chef, c’est de son âge, mais surtout et plus sérieusement il est passé par quelques belles maisons dont le style et l’approche de la cuisine ont des points communs. Mauro Colagreco par exemple, à Menton, puis William Ledeuil à Paris, et enfin un petit tour chez Ducasse au Jules Verne. Une formation qui lui donne l’envie de décaler, de surprendre, d’improviser autour d’une cuisine italienne qui reste une des plus classiques d’Europe. Alliances des produits, assemblages des saveurs, esthétique de l’assiette, tout chez Imbroisi montre à quel point il est un chef de son temps.
Une carte ultra courte, déclinée sur trois entrées, trois pastas, trois plats, et trois desserts, plus un plat qui change chaque jour. Ce jour-là : Ravioles de morue fraîche sauce citron. Une carte très vivante, originale, en tout cas qui aiguise la curiosité comme l’appétit.
Juste pour démarrer quelques remarquables antipasti,
puis un Poulpe grillé, condiment banane-mostarda, gaspacho melon, vinaigre balsamique blanc. Décoiffant, excellent, relevé, et un magnifique gaspacho melon-vinaigre qui enrobe le tout.
Inattendu mais délicieux Tataki de thon, radis croquants, condiment fraise peperoncino et kumquat. Le genre de plat qui vaut une étoile sans discuter, par sa finesse, sa fraîcheur et ses saveurs.
Eblouissant Gnocchi di patate d’une légèreté incroyable et d’une belle texture, relevés par une crème de poivrons pimentée, vierge piquillos et un nuage de chapelure croquante. Un grand plat. Les autres Gnocchis sont sardes, comme le chef, et fait à la semoule avec de la tomate origan, crème de Grana Padano (fromage à pâte pressée très proche du Parmesan) et vierge échalote-amande. Nourrissant, franchement bon, mais au final un peu écœurant par une crème un peu envahissante. Le plat du jour de ce jour-là fut un peu bancal, des Ravioles de morue fraîche, sauce citron, beignets de courgettes, et à vouloir trop surprendre on se fait prendre… à son propre jeu.
Dessert addictif, presque dangereux, à base de noisette comme il se doit en Italie, avec un Capucc’IDA merveilleux. Chocolat Gianduja, espuma de café Lavazza, glace noisette. Aérien, doucereux mais si goûteux !
Et par dessus tout ça, deux verres de vins italiens choisis là aussi dans une carte courte mais intéressante même si l’Italie n’est pas en majorité. Valpolicella Classico Voana, remarquable de fraîcheur et de fruité (6 €) et un surprenant Nero di Lupo de chez Cos, vin sicilien de 2013, tout en douceur et jeunesse. Agréable. (10 €)
Accueil et service féminin et de bonne humeur. Des prix de grande amplitude, mais surtout une table et un chef à découvrir d’urgence car il arrive à une belle maîtrise d’une cuisine totalement personnelle, originale, et délicieuse. Ce qui n’est pas rien pour un Italien.
75015 Paris
Tél : 01 56 58 00 02
M° : Falguière
Fermé le dimanche
Menu à la carte : 30 € (3 plats)
Menu à la carte soir : 42 € (4 plats)
Menu Dégustation IDA : 65 € (6 plats)
Carte : 40 € environ