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Christophe Cornubert est journaliste reporter d'images (JRI) spécialisé dans la musique classique. Fondateur du site internet concertclassic.com, c'est la quatrième fois qu'il vient à Saintes pour dresser le portrait de têtes d'affiche du festival - en l'occurrence, la pianiste Vanessa Wagner et le chef de chœur Mathieu Romano. Nous l'avons suivi une après-midi, entre interviews et prises de vue en répétitions.
Tout d'abord, il doit préparer le cadre. Tester les chaises de la salle, en choisir une confortable ; déplacer le mobilier, vérifier la lumière, tester la caméra, le son. Un bruit de fond, un petit bourdonnement entêtant agace Christophe : un détail insignifiant pour n'importe qui d'autre, insupportable pour lui. Mais l'artiste arrive déjà : Vanessa Wagner se présente à la porte de la salle Constance dans l'Abbaye-aux-dames. Il la met à l'aise, lui propose de se recoiffer. L'interview peut commencer.
En quinze ans de carrière de JRI, Christophe Cornubert a eu le temps d'acquérir les gestes du métier. Car c'est par la pratique qu'il a tout appris : " Je n'ai pas fait d'études audiovisuelles ni journalistiques ; j'ai créé un site internet sur la musique classique, et à partir de là je me suis dit que sur ce site, il fallait des vidéos. J'ai été formé sur le tas. " Mais qu'est-ce qui a poussé cet ancien étudiant en histoire de l'art à lancer son propre site, concertclassic.com ? " À l'époque, sur internet, il n'y avait pas grand-chose ; sur la musique classique, il n'y avait pas de sites d'information, je me suis donc dit qu'il fallait en créer un. " Quant au choix du support vidéo, il lui semblait logique : " la musique classique, c'est bien beau d'en écouter, de lire des comptes-rendus, mais la vidéo est quand même le support qui s'approche au plus près d'un concert ".
L'interview de Wagner se déroule bien, Christophe complète la vidéo avec des images de la pianiste en pleines répétitions. Il en sort content de son tout dernier plan : " à défaut d'avoir des moyens, j'essaye d'avoir des idées ! " L'essentiel pour lui, c'est de toujours être en quête d'originalité. " Les vidéos se ressemblent beaucoup aujourd'hui. Alors j'essaye de faire de leur donner une personnalité. Car je filme des artistes qui, eux, ont une personnalité ". Pour le choix des plans, " ça dépend des vidéos : il y en a qui sont plus de type reportage, c'est-à-dire que toute la matière que je vais avoir, je ne la connais pas à l'avance, je découvre sur place ; je ne peux pas anticiper. Après il y a des sujets où l'on a une petite idée de ce que l'on va filmer, parce qu'on connaît les artistes, les lieux... Mais quand on est sur place, il faut être super ouvert et curieux. C'est surtout sur le moment que les choses se font. Souvent quand j'arrive, je fais un tour pour sentir les lieux, l'architecture, la lumière, le public. " Sa meilleure vidéo, c'est à Saintes qu'il l'a tournée, l'année dernière. Un portrait de Jean Rondeau de six minutes, pour lequel le claveciniste " a bien joué le jeu. C'était comme travailler avec un acteur ! "
Plus que de faire de la critique, le but de Christophe est de donner à voir la personnalité d'un artiste. " Je me mets à la place du public, qui n'est pas forcément technicien, ou musicologue, qui ne sait pas forcément lire une partition... " Lui-même ne joue d'aucun instrument, et n'a pas de formation en technique musicale. " Au début, j'étais un peu complexé, mais je me suis rendu compte que ce n'était pas forcément ce qu'on attendait de moi. La musique, c'est abstrait. Que l'on soit musicologue ou non, on ne fait que tourner autour de la musique. "
Mahel N'Guimbi
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