De toute façon la France n’est pas une équipe de matches amicaux. Pour voir les bleus à leur niveau, il faut que ça soit du sérieux, on n’est pas Espagnols !
Depuis 1992, l’équipe de France a disputé 14 matches amicaux préparatoires à un Championnat d’Europe des Nations. Le bilan est somme toute flatteur puisqu’il est de neuf victoires (Finlande, Allemagne, Arménie, Croatie, Maroc, Andorre, Ukraine, Équateur et Colombie), quatre nuls (Brésil, Japon, Pays-Bas et Paraguay) une seule défaite (contre la Suisse le 27 mai 1992 sur le score de 2-1). Les résultats sont là. Mais sont-ils importants aux yeux du sélectionneur ? Certainement pas. Raymond Domenech l’a répété à plusieurs reprises que ça lui importait peu et qu’il ne se basait pas sur le score. Mais plutôt sur le contenu du match en soit. On donne de l’eau au moulin en ajoutant que les adversaires de ces matches amicaux sont pour la plupart un calibre inférieur au plateau d’un Championnat d’Europe des Nations (Finlande, Arménie, Maroc, Équateur, Colombie, Japon, Paraguay…) qui est la compétition la plus relevé au football. Dans le groupe de la mort composée de la Roumanie, des Pays-Bas et de l’Italie, avoir gagné préalablement des matches c’est bien, mais gagner l’Équateur avant l’Italie n’avance pas grand monde. Par contre on voit ce qui ne marche pas. De plus, les résultats des amicaux ne conditionnent en rien le futur résultat. Si la France n’avait gagné aucun de ces matches amicaux au printemps 1992 (défaite contre la Suisse, nul avec les Pays-Bas) et fait un euro médiocre en restant dans les poules, la préparation en 2004 (deux victoires pour un nul) avait conduit les bleus à caler contre la Grèce en quart de finale (1-0). Avec également deux victoires et un nul pour préparer l’Euro 2000, les bleus s’étaient finalement imposés.
Contre la Colombie (1-0), Franck Ribéry a donné la victoire aux bleus sur penalty. Et encore ! Si l’arbitre pouvait effectivement siffler la faute sur Henry, le barcelonais se trouvait quand même bien loin du ballon…
Seul Bafétimbi Gomis a marqué dans le cours du jeu. Lors de sa première sélection contre l’Équateur (2-0). Mais voilà, le stéphanois sera l’attaquant français qui devrait avoir le moins de temps de jeu durant la compétition. Henry, Anelka et Benzema débuteront donc l’Euro sans avoir marqué ce printemps avec les bleus. S’il n’y a pas de quoi fouetter un chat, un match nul contre la Roumanie 0-0 pourrait vite faire jaser des remarques (style à eux trois, ils n’ont pas marqué depuis quatre matches). À plus d’un titre, il ne faudra donc pas tergiverser devant le but adverse. Néanmoins, Anelka a fait un festival hier matin face à une sélection de l’UNFP (le match des coiffeurs) en réalisant un doublé et délivrant une passe décisive pour Bafé Gomis pour une victoire 3-0.
Alors trêve de défaitisme ! Benzema, Henry et Anelka se sont procuré des occasions. Ribéry semble très affûté en cette fin de saison. La percussion offensive est bien là comme l’ont montré les premières périodes des matches contre le Paraguay et la Colombie. La précision est absente avec des frappes ou pas cadrées, ou trop sur le gardien adverse. Les coups de pied arrêtés posent également un hic. Florent Malouda semble avoir du mal à régler la mire sur les corners avec son pied gauche, trop enlevés ou bien trop dans les 5,50 mètres du gardien. Un bon corner tendu c’est entre les 5,50 et le point de penalty. Plus facile à dire qu’à faire bien sûr ! D’autant que Raymond Domenech a sorti une composition inédite face à la Colombie avec un 4-3-1-2 pour envisager le forfait de Patrick Vieira contre la Roumanie. Florent Malouda se retrouvait donc sur la pointe gauche du triangle inversé à vocation défensive, au même niveau qu’un Toulalan pas spécialement habitué à déborder. Makélélé abattant son travail de récupération habituel. Le joueur de Chelsea se retrouvait plus loin de sa ligne de touche, devant accomplir un travail défensif différent. Une adaptation est à faire sur le placement du joueur sur le terrain puisque c’est lui qui ouvre la porte à Escobar qui, après avoir fait tourner en bourrique Abidal, allait frapper le poteau de Coupet en début de match. Avec un abattage défensif différent et supérieur, Malouda s’est retrouvé hors de portée des attaques rapides de Benzema, Ribéry et Henry laissant paraître une équipe de France qui n’attaquait qu’à trois et un Malouda aux fraises. Autre interrogation, les faibles rendements offensifs des latéraux Abidal et Sagnol qui n’ont pas réussi à trouver les espaces avec Malouda et Toulalan pour s’exprimer. Leurs apports offensifs ont été insignifiants.
C’était la grande interrogation avant cette mini Copa America de fin de saison. Lilian Thuram et Willy Sagnol seront-ils au point pour l’Euro ? Les deux internationaux ont eu une saison compliquée, ponctuées de blessure et de manque de temps de jeu dans leurs clubs du FC Barcelone et du Bayern Munich. Entre son sauvetage à l’expérience contre l’Équateur et le physique au service de son expérience contre la Colombie, Lilian Thuram a rassuré l’opinion publique et les spécialistes. De même que Willy Sagnol, qui certes, n’a pas encore retrouvé tout son volume offensif des années passées. Une nouvelle question se pose du coup après ces matches amicaux ; Est-ce que ça sera suffisant contre la Roumanie, les Pays-Bas et l’Italie ? D’autant que les bleus ont bien failli se faire surprendre par la Colombie. Dès la 9è minute du match, Juan Carlos Escobar partit sur le côté droit pour frapper sur le poteau d’un Grégory Coupet archi battu… Un retour de flamme qui rappelle qu’il y a encore du travail mais qu’au moins, les bleus ont un minimum de chance