Le HuffPost | Par Grégory Rozières
Publication: 17/07/2015
Getty Images/Science Photo Library RF
Elle existait théoriquement depuis 85 ans mais personne ne l'avait jamais observée. On ne parle pas ici d'un quelconque yéti ou monstre du Loch Ness, mais d'une "particule élémentaire", le fermion de Weyl. En dehors de la prouesse scientifique, cette découverte pourrait augmenter drastiquement... la puissance de nos ordinateurs et smartphones.
C'est une équipe de l'université de Princeton qui a réussi à observer cette particule en laboratoire, pour la première fois. Pourtant, le physicien Hermann Weyl avait prédit son existence dès 1929, via des calculs mathématiques. Un peu comme pour le Boson de Higgs. À l'instar des bosons, les fermions sont les composants élémentaires de la matière.
Dans leur article publié dans le journal Science, les chercheurs expliquent avoir pu observer cette particule grâce à un cristal bien particulier, composé de tantale et d'arsenic.
Pas de poids, pas de chocolat
Mais qu'est-ce qui rend cette particule si unique? Il y a plusieurs différences très techniques, mais c'est surtout son absence de masse qui interpelle. A l'inverse de son cousin l'électron, le fermion de Weyl n'est pas simplement léger: il ne pèse rien, tout simplement.
C'est un gros avantage par rapport à l'électron, utilisé comme "moyen de transport" des données dans toute l'électronique moderne. Car celui-ci, à cause de son poids, peut se perdre s'il trouve un obstacle sur sa route. Mais dans ce cristal bien particulier, les fermions de Weyl ne se perdent jamais. "C'est comme s'ils avaient un système de GPS et pouvaient voyager sans jamais se disperser", précise Zahid Hasan, qui a dirigé les recherches.
De plus, cette particule ne génère pas de chaleur. L'électron si. Or, la chaleur est une des limites principales de nos ordinateurs. Pour le chercheur, "ces deux caractéristiques pourraient être une aubaine pour le futur de l'électronique, notamment dans le développement d'ordinateurs quantiques", des ordinateurs plus de 3600 fois plus puissants que nos classiques PC.
Un long chemin à parcourir
Pour autant, il faut être prudent avec ce genre d'avancées. Contacté par Le HuffPost, Milan Orlita, chercheur en semiconducteurs et en nanophysique au Laboratoire national des champs magnétiques de Grenoble trouve la découverte "intéressante" mais appelle à "faire très attention" à ne pas tirer de plans sur la comète.
"Il y a de nombreux types de matériaux similaires à ce cristal testés ces dernières années.", rappelle-t-il. "C'est une découverte importante, mais je ne préfère pas m'avancer sur les implications possibles en dehors du champ de la recherche".