Portraits anecdoziques

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Aujourd'hui il fait une chaleur lourde, et les gens traînent sur l'esplanade. Musiciens, techniciens ou spectateurs, tour d'horizon des rencontres du jour.

Je me dirige premièrement vers Lucille. Cette jeune fille est l'une des deux accordeuses du Festival de Saintes. " Sur une île déserte, j'emporterai le traité "L'art de toucher le clavecin", de François Couperin, compositeur de musique baroque. " Quel instrument rêvez-vous de jouer ? " Je sais jouer de l'orgue et du clavecin... mais j'adorerais savoir jouer du saxophone baryton ", me dit-elle un grand sourire aux lèvres.

Je pars ensuite à la rencontre de deux Saintaises. Pour une fois que quelqu'un ne rêve pas de rencontrer Bach... " J'adore la musique africaine ! C'est un de ces morceaux pleins de joie qui me permettraient de survivre en milieu hostile... " Anne prend plus de temps avant de me donner sa réponse... " Moi, je prendrais une chanson de Souchon ! ". " Je rêve de savoir maîtriser le piano... mais je ne me sens pas capable d'une telle tâche. C'est trop beau pour que je puisse en faire correctement ! ", développe Marie. " Moi, j'avais commencé la guitare, mais je n'ai pas l'oreille musicale, alors c'est plus compliqué... " enchaîne Anne en grimaçant. Pour ma dernière question, les deux femmes reviennent dans le classique. Si vous pouviez remonter dans le temps pour rencontrer un musicien, ce serait lequel ? " Beethoven ", " Mozart ! " me répondent-elles.

Je commence ensuite à discuter avec Pierre et Jean-Marie, deux jeunes hommes souriants qui prennent leur pause au soleil. Si vous ne deviez emporter qu'un morceau de musique sur une île déserte... " C'est drôle, j'ai souvent réfléchi à cette question. J'emmènerai la sonnerie des pompiers, pour qu'on vienne me chercher ! " Une note que ne partage pas son ami : " Je prendrais Le Requiem de Mozart, pour mourir en paix ! " ..." J'adorerais savoir jouer du Banjo ! ", me confie Jean-Marie avec un sourire. " Je joue du piano, mais je rêve de chanter. La voix, c'est un bel instrument " répond Pierre. " Ce serait drôle de rencontrer Vivaldi. On se marrerait ! ". " Moi, je voudrais remonter le temps jusqu'à Josquin Desprez ", conclut Pierre en m'épelant le nom de cet artiste médiéval.

Attablés, Régine et Bernard me sourient et je m'approche d'eux. Sur cette fameuse île déserte, " j'emporterai un morceau de Jazz ! ", lance Régine tandis que Bernard répond après hésitations : " Un seul morceau, c'est compliqué ! Je prendrais La symphonie du Nouveau Monde, d'Antonín Dvorák. [...] Je rêve de maîtriser la harpe. " " Et moi, le violon ! " enchaîne son épouse, et de continuer : " Si je pouvais rencontrer un artiste dans le temps, ce serait Mozart, car c'est le plus farfelu... mais génial quand même ! " " Moi, je veux passer un peu de temps avec Jean Ferrat " soutien Bernard, avant de conclure en entonnant une de ces chansons.

C'est dans la fraicheur de l'Abbaye que je rencontre Stephanie. Cette jeune femme, arrivée d'Allemagne, enquête sur la fréquentation du Festival. " Je viens de Karlsruhe. Ça signifie "Le calme de Karl". La légende qui court en ville raconte que Karl était couché sous un arbre, et il était tellement bien ici qu'il a décidé d'y construire une ville ! ", me raconte-t-elle avant d'enchaîner sur mes questions : " Sur cette île, j'emporterais la 9e de Beethoven. Je rêve de le rencontrer ! "

Pour terminer mes portraits du jour, je pose mes questions à Jeanne. " Sur mon île déserte, j'emporte un morceau de voix à capella. Un psaume mélancolique, que je pourrais écouter en boucle parce que je serais toute seule ". Sur sa deuxième réponse, Jeanne m'apprend quelque chose : " J'adore le Hang. Quand Daniel Waples en joue, c'est formidable ! " Pour conclure, elle confie : " J'adorerais rencontrer Bach. C'est un homme tellement mystérieux ! On ne sait pas comment est-ce qu'il a écrit, s'il a rédigé de façon très rigoureuse, ou alors, s'il a glissé des petites plaisanteries dans ses partitions ! " rit-elle.

Margot Douteau

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