"Toutes les tondues n'appartiendraient donc pas à la même espèce? Il y aurait, parmi elles, des fleurs sans pétales et tout en tige, d'autres telles de grandes herbes, des folles avoines, des blés, des oiseaux à tête déplumée? Serait-on oiseau, herbe ou fleur selon sa nature ou bien selon son degré de compromission avec l'Allemand?" L'écriture de Fabienne JUHEL ne se contente pas de nous proposer le thème des tondues mais celui des convenances, des prises de décisions faciles et des à-priori.Maria est magnifique, auréolée de sa chevelure de feu, mais aussi sans, le crane chauve et les yeux fougueux de vengeance. Elle est le charme, la sensualité, la femme non atteignable, l'innocence de celle qui n'a pas perdu à la guerre sans jamais sacrifier les autres. Elle est le symbole de frustrations.Les tondues sont les victimes d'un acte de rébellion après-coup. Les réactions à la guerre, la haine, la peur ou la passivité prennent des formes d'agressions gratuites variées. Avec une héroïne sans culpabilité, l'auteure nous parle de cette injustice des discriminations (de traitements en fonction de la couleur de peau aussi).Maria ne demande pas le pardon aux seuls acteurs ou spectateurs consentants de l'acte d'épuration, elle va chercher ceux qui alimentent la haine quotidienne ou qui restent passifs.Et puis il y a cette réflexion sur le pardon, sur la honte. Ce cheminement aussi sur ce que nous subissons des autres et les blessures que nous choisissons de refermer.
Comme toujours Fabienne JUHEL offre avec ce nouveau livre "La chaise numéro 14" un roman fort et une écriture charnelle, sensitive et impressionniste magnifique.
Merci aux éditions Rouergue et à l'opération Masse critique Babélio.