Quel rebond boursier depuis une semaine. Alors que le risque de chaos en Grèce est désormais écarté, les marchés profitent de chaque effet d'annonce pour tester de nouveaux seuils. Le Cac 40 vient ainsi de franchir la barre des 5 140 points (après avoir gagné 7,8% sur cinq séances), un niveau que l'indice parisien n'avait plus connu depuis la fin du mois de mai. Sur les marchés de taux aussi l'aversion au risque est retombée, la plupart des spreads diminuant sur les dettes européennes dites périphériques.
La BCE augmente le plafond des prêts d'urgence à la GrèceCet enthousiasme hérité des décisions politiques " salvatrices " de lundi matin - après que le premier ministre grec Alexis Tsipras et les dirigeants européens ont trouvé un accord (conditionné) en vue d'un troisième plan d'aide - est aujourd'hui dopé par le vote favorable du Parlement grec. Celui-ci a approuvé la série de réformes exigées par les créanciers internationaux de la Grèce, une étape indispensable avant la mise en place du troisième plan d'aide.
Les décisions de la Banque centrale européenne sont aussi de nature à soutenir les marchés. A l'occasion de son traditionnel comité monétaire, l'institution a décidé de relever de 900 millions d'euros sur une semaine, le plafond des prêts d'urgence (ELA) accordés aux banques grecques. Mario Draghi s'est montré résolument rassurant, garantissant le soutien de la BCE à Athènes aussi longtemps que le pays sera membre de la zone euro. Un volontarisme plus aisé à assumer pour la BCE, maintenant que les dirigeants politiques européens semblent enfin parvenir à s'entendre sur le sort de la Grèce.
Dans ces conditions, le sentiment de marché est donc repassé en territoire de confiance. Trop rapidement ? Les investisseurs ne doivent pas oublier que le dossier grec est loin d'être soldé. Le répit obtenu est désormais conditionné aux votes des Parlements allemand, finlandais, letton, slovaque et autrichien qui doivent approuver à leur tour l'idée d'un nouveau plan d'aide... autrement dit un scrutin loin d'être acquis, ces gouvernements étant les moins enclins à l'idée de mettre encore la main à la poche pour la Grèce.
De nouveaux accès de volatilité, au gré des échéances politiques, sont tout à fait possibles. Et n'oublions pas qu'à l'horizon de quelques mois, le financement de la Grèce n'est pas du tout assuré. Un effacement partiel, voire plus, de la dette, semble à terme un passage incontournable pour remettre le pays sur la voie de la reprise économique, un effort encore difficile à intégrer par les partenaires européens du pays.
A propos de l'auteur : Nicolas Chéron est stratégiste chez CMC Markets France.
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