MONDE > Grèce : la rue et Syriza gronde

Publié le 17 juillet 2015 par Fab @fabrice_gil
La mise en œuvre de l’accord européen pourrait déboucher sur une crise politique en Grèce où le chef du gouvernement de gauche radicale est en mal d’arguments pour imposer son plan.

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Photo ©AFP PHOTO/LOUISA GOULIAMAKI


Votera, votera pas ? L’aval du Parlement grec, attendu hier soir, sur l’accord européen de lundi et les premières mesures d’austérité (hausse de la TVA, réforme des retraites, lutte contre l’évasion fiscale) s’annonçait périlleux pour Alexis Tsipras. Plus que le résultat du scrutin, c’est le décompte des voix -pour et contre- qui pourrait être fatal au Premier ministre. L’appui du Parlement semblait en effet assuré après l’appel au vote "pour" de la gauche modérée et de la droite. Mais le chef de Syriza (gauche radicale), allié au petit Parti des Grecs indépendants (Anel, droite souverainiste), risquait de faire exploser sa majorité parlementaire (162 élus sur 300) sur le programme de rigueur exigé par les créanciers. Le maintien de son pays dans la zone euro et un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros en dépendent pourtant. Dans tous les cas, le chef du gouvernement sera contraint à un remaniement après le départ de deux ministres de son camp : celui, lundi, du ministre adjoint des Affaires européennes, et celui, fracassant, hier de la ministre adjointe des Finances. "La solution qui nous est imposée aujourd’hui n’est pas viable, ni pour eux (l’Europe), ni pour le peuple, ni pour le pays", s’insurge Nadia Valavani.
"Le pire serait d’abandonner le navire", plaide au contraire Tsipras, mais sa marge de manœuvre paraît étroite. Outre la contestation d’une partie de ses partisans, élus en janvier sur ses promesses hardies contre l’austérité, le chef de la gauche radicale doit faire face à une opinion publique hostile à la rigueur (61,3 % de non au référendum du 5 juillet). Quels arguments trouvera-t-il pour imposer un plan auquel il dit ne pas croire lui-même ? Les manifestations ont repris de plus belle à Athènes. Quelque 12 000 personnes étaient réunies hier soir devant le Parlement, place Syntagma, où des échauffourées ont eu lieu entre la police et les manifestants armés. La fronde syndicale ne s’est pas fait attendre non plus avec la grève des fonctionnaires : la première depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir.
"L’Europe a décidé d’une feuille de route. Maintenant tout dépend de la mise en œuvre", avait résumé le 12 juillet le Premier ministre estonien. Plus que jamais cette mise en œuvre s’annonce laborieuse en Grèce donc et dans plusieurs pays de la zone euro, notamment en Finlande et en Allemagne où le Parlement est appelé à se prononcer deux fois. Après le oui franc et massif des parlementaires français hier, un premier vote est attendu demain au Bundestag sur fond de tensions entre la chancelière Angela Merkel et sa majorité de coalition conservateurs (CDU)/sociaux-démocrates (SPD). Compte tenu du calendrier politique, sans compter d’éventuels coups de théâtre toujours possibles, les premiers milliards d’aide ne devraient pas être débloqués avant un mois. D’ici à cette échéance, l’Union européenne devra néanmoins avancer un peu d’argent frais à l’État grec. À Bruxelles, on se creuse les méninges pour trouver des solutions acceptables par les Vingt-Huit. Faute de quoi, la BCE pourrait subir le même sort que le FMI et être obligée de tirer un trait sur un remboursement d’Athènes prévu le 20 juillet.FG