Peyton Reed, disparu des écrans depuis six ans, revient par l’intermédiaire des Studios Marvel pour mettre en image un héros méconnu : Ant-man. Scénarisé par Edgar Wright, le réalisateur du génial Scott Pilgrim, le film commence comme un épisode d’Amour, gloire et beauté pour prendre de plus en plus de consistance. Ne se prenant pas au sérieux, ce qui nous change des Avengers, Ant-Man flirte avec la série Z et offre finalement un très bon moment comique.
Scott Lang (Paul Rudd), cambrioleur au grand cœur, n’a qu’un seul désir en sortant de prison : s’occuper de sa fille Cassie (Abby Ryder Fortson). Alors qu’il a les plus grandes difficultés à se réinsérer, le Docteur Henry « Hank » Pym (Michael Douglas) décide de le recruter pour un braquage d’un nouveau type. Il le pense capable de subtiliser une arme dévastatrice capable de rétrécir des être humains, le Yellow Jacket, des mains du magnat de l’armement Darren Cross (Corey Stoll que l’on avait vu dans le nullissime Non-Stop).
Henry Pym (Michael Douglas)
Ant-Man s’ouvre sur un ancien monde à l’esthétique cheap rappelant le pire des soaps opéras américain. Il y a bien Michael Douglas mais celui-ci semble se forcer à jouer mal. Et John Slattery, figure tutélaire de notre imaginaire série, lui rend la réplique avec la même désinvolture. Les deux compères sont Henry Pim et Howard Stark, deux gloires déclinantes. Nous sommes dans les années 80. Un saut dans le temps plus tard, et de nos jours, voilà que nous suivons Scott Lang, un robin des bois des temps modernes qu’accueille Luis, un codétenu libéré plus tôt, condamné pour avoir volé deux centrifugeuses à jus de fruits. Le ton est donné. Les personnages ne sont pas pris au sérieux, le ton est volontairement drôle. Peyton Reed offre à l’univers cinématographique de Marvel ce qui lui manquait, une décontraction totale, une envie parodique décomplexée. Il y avait bien les Amazing Spider Man et Les gardiens de la galaxie mais ceux-ci n’était pas réellement parodiques. Il se contentait de surfer sur l’aspect comique originale des séries.
Ant-Man (Paul Rudd)
Si Ant-Man déploie des effets spéciaux corrects, il y a parfois quelques ratés. Par exemple, dans une chambre grouillant de fourmis, celles-ci apparaissent totalement floues. Malgré l’omniprésence d’effets numériques, l’ensemble conserve un aspect très artisanal. Les ressorts comiques fonctionnement d’ailleurs essentiellement sur la résolution des batailles. Un combat qui se veut épique, en miniature, dans une chambre d’enfants, tourne rapidement au ridicule lorsque la caméra revient à un perspective normale. Un choix artistique audacieux qui, anesthésiant les habituels enjeux apocalyptique fait basculer le film dans la franche comédie assumée. Un train en bois heurtant une fenêtre avec la force de frappe d’un enfant de quatre ans devient hilarant. Rajoutons à tous cela, le dénigrement des Avengers dont Le Faucon (Anthony Mackie) est tourné au ridicule et les allusions répétitives mais discrète à Tony Stark présenté comme un personnage détestable pour avoir juste ce qu’il faut de « fan service ». Reste le rôle parfait attribué à Michael Peña (vu dans le très bon American Bluff et dans le très beau Fury), héros malgré-lui, sans super pouvoir mais délicieusement décalé au côté de ses compagnons de forfaiture, Gale (Wood Harris) et Dave (Clifford Joseph Harris Jr.) mettant dans le désarroi le plus complet le beau-père et flic de service, Paxton (Bobby Cannavale).
Hope Van Dyne (Evangeline Lilly)
En concluant cet article, on se rend compte que l’on a guère évoqué le super-vilain Yellow Jacket (hormis dans le synopsis). Preuve s’il en est que la caractérisation des personnages n’est pas le cœur de ce long-métrage lorgnant davantage du côté du pastiche bon enfant. Désarçonnant au premier abord par sa direction d’acteur semblant inexistante, Ant-Man finit par littéralement séduire le spectateur par sa volonté sincère de ne pas se prendre au sérieux. L’ombre de Roger Corman, qui dans son temps s’autorisa à produire une adaptation nanardesque des Quatres fantastiques (1994), n’est pas loin.
Boeringer Rémy
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