Dans le bel ouvrage que la célèbre biographe consacre aux jardins des écrivains - nous y reviendrons - un passage est dédié à notre amie, comtesse de Ségur.
Je vous le livre, in extenso :
" Les jardins des petites filles modèles étaient à la fois un outil pédagogique et un territoire de liberté. Comme j'en ai rêvé, enfant! Grâce à eux, Camille et Madeleine, apprenaient la responsabilité, le sens de la propriété, le goût du travail bien fait, et le plaisir de déguster et de partager. Dans le grand parc des Vacances, on construit des cabanes entre cousins, on se poursuit, on goûte sur l'herbe, on joue, on se cache. Le jardin autorise l'insouciance de l'enfance et permet l'apprentissage de la vie adulte. De l'immense propriété des Rostopchine près de Moscou, au château des Nouettes dans l'Orne, Sophie de Ségur avait su tirer les enseignements de sa propre jeunesse sous la férule d'une mère farouchement rousseauiste, puis les fruits amers d'une existence migraineuse d'épouse trompée. Son salut fut un jour d'écrire pour ses petits-enfants, accueillis dans sa propriété."
Jardins et papiers, De Rousseau à Modiano, Evelyne Bloch-Dano, essai, Ed. Stock, avril 2015, 250 pp